Golfe du Mexique : l’UE n’est pas prête en cas de catastrophe pétrolière
À l’heure où des dizaines de milliers de barils continuent de se déverser dans le golfe du Mexique, les députés d’Europe Écologie indiquent que l’Union européenne n’est pas prête en cas d’accident sur les plateformes pétrolières offshore. Les Eurodéputés soulignent qu’il est urgent pour l’Union européenne de proposer de nouvelles règles contraignantes tant dans le domaine de la responsabilité juridique que dans celui de la réponse à apporter en cas de catastrophe. Ainsi, il n’existe pour l’instant pas de règles pour garantir des fonds suffisants pour le nettoyage des côtes en cas d’accident et l’indemnisation des victimes. Enfin, pour les parlementaires d’Europe Écologie, il faut aussi s’assurer que les compagnies qui exploitent les gisements européens ont bien la capacité technologique de le faire et que les investissements effectués dans les systèmes de sécurité sont suffisants.
Michèle Rivasi (Verts/ALE) membre de la commission de l’environnement du
Parlement européen, inquiète de la faiblesse des études d’impact et des
plans de secours a estimé que:
« Prévision, prévention, protection, voici ce qu’il faudrait mettre en place afin d’assurer un contrôle strict des plateformes pétrolières. À la Suite à la catastrophe du Golfe du Mexique, nous sommes maintenant sûrs que les études de sûreté et d’impacts commandées par les compagnies pétrolières ne sont pas à la hauteur des enjeux. Il y a un gouffre entre les investissements réalisés dans la recherche de nouveaux gisements et ceux employés pour assurer la sécurité des exploitations. Il faut donc résoudre ce problème et s’assurer que les compagnies européennes puissent prévenir les accidents mais aussi avoir des plans de secours adéquats. Nous avons aussi besoin de « contrôler les contrôleurs », car dans le cas américain on se rend compte que complaisance et corruption entre l’agence régulatrice (MMS) et BP sont le cocktail qui a mené au désastre. L’UE, au travers de l’European Maritime Safety Agency, pourrait jouer un tel rôle vis-à-vis des organismes de certification et d’audit. »
Mais l’inquiétude vient aussi des produits censés résoudre le problème:
« Beaucoup de scientifiques s’inquiètent de l’usage du COREXIT, le dispersant employé en quantité colossale par BP pour dissoudre la nappe de pétrole. Son impact environnemental et sanitaire est ignoré, puisque ce produit est breveté. On sait par contre que parmi ses ingrédients se trouvent 3 produits dangereux, alors que d’autres dispersants moins dangereux pour la biodiversité marine et la santé existent bel et bien. Pour finir, ne nous voilons pas la face: l’usage d’un tel produit ne tend qu’à rendre invisible en surface une pollution qui finalement stagnera au
fond ».
Pour Sandrine Bélier, Eurodéputée Europe Ecologie :
« La marée noire dans le Golfe du Mexique nous montre les conséquences des pollutions irréversibles sur les écosystèmes, les pertes sociales et économiques cruelles pour ces régions, que les sommes faramineuses engagées ne suffiront pas à réparer. L’urgence est aujourd’hui de s’assurer que les installations off-shore implantées en Europe présentent les conditions de sécurité maximum à la fois pour les salariés mais aussi pour l’environnement. Cette catastrophe nous rappelle l’exigence de renforcer le contrôle des installations pétrolières, d’améliorer la prévention et d’imposer aux exploitants les investissements nécessaires ».
Elle ajoute : « Prévenir de tels risques nécessite là encore de bien les évaluer. Nous le savons, nombreux sont nos États à ne pas respecter la législation en vigueur, les réexamens d’autorisations d’installations sensibles ne sont pas respectés. La législation doit être renforcée pour prévenir les risques, la contrainte juridique est indispensable pour responsabiliser les acteurs. « Enfin, cette marée noire nous rappelle que sobriété et efficacité énergétiques doivent être une priorité, plus que jamais tous les efforts vers la réduction des consommations énergétiques doivent être intégrés aux législations. »