Sandrine Bélier revient sur la conférence d’Hyderâbâd dans Terra Eco
A Hyderâbâd où se réunissait la 11ème Conférence des Parties à la Convention pour la Biodiversité, une fois encore c’est tard dans la nuit que les négociations, entre les 180 pays rassemblés pour décider du devenir de la préservation du vivant, se sont poursuivies. Il aura fallu attendre 2 h 30 du matin pour acter d’un heureux dénouement, dont on s’est mis à douter quelques heures plus tôt, tant les discussions ne cessaient de se prolonger. Contrairement à Nagoya en 2012, on ne se souviendra pas du Sommet d’Hyderâbâd comme celui actant d’un accord « historique » ou « révolutionnaire » pour la préservation de la biodiversité. Mais, nous avons échappé à une issue catastrophique remettant en cause, les engagements acquis deux ans plus tôt. La Ministre indienne de l’environnement a
été entendue.
Qui doit payer ?
C’est un soulagement après la déception du Sommet Rio+20 et à quelques mois du prochain sommet pour le Climat. Et on peut se réjouir, sans enthousiasme excessif mais avec honnêteté intellectuelle d’une nouvelle étape franchie par la Communauté internationale, après des négociations tendues jusqu’aux dernières heures sur le principal volet de ce sommet : la mobilisation des ressources. A Nagoya (Japon), en 2010, les 193 pays membres de la convention avaient adopté vingt objectifs pour 2020, pour réduire la surpêche ou multiplier les aires protégées sur terre ou en mer. Mais ils avaient reporté la question centrale des financements permettant d’atteindre ces objectifs.
A Hyderâbâd, un compromis a été trouvé : la Communauté internationale a décidé d’une augmentation globale substantielle du total des financements liés à la biodiversité, pour la mise en œuvre du plan stratégique 2011-2020 acté en 2010 à Nagoya. Elle a acté du doublement en 2015, et le maintien au moins à ce niveau jusqu’en 2020, des flux financiers internationaux en faveur de la protection de la biodiversité aux pays en développement, en particuliers les pays les moins avancés et les petits états insulaires en développement, ainsi que les pays à économie en transition.
Ce doublement sera calculé par rapport à la moyenne annuelle des financements en faveur de la nature vers les pays en développement sur la période 2006-2010, selon l’accord, qui n’avance toutefois aucun chiffre. Ces financements publics et de mécénat en faveur de la biodiversité sont actuellement estimés entre 6 et 8 milliards de dollars par an, selon les sources qui nécessitent d’être précisées d’ici la prochaine conférence des parties en 2014. Devront être également précisés les « besoins » aujourd’hui évalués de « trois à huit fois » plus importants pour atteindre les 20 objectifs, selon une expertise réalisée par l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) pour le Fonds pour l’environnement mondial (FEM).
Le diable est dans les détails
Un soulagement, parce-que la communauté international a fait la preuve qu’elle est encore capable de volontarisme en matière d’environnement et particulièrement dans le domaine de la biodiversité. Pour la première fois, depuis 1992, date d’adoption de la Convention pour la Diversité Biologique (CDB), un objectif financier international est fixé en faveur de la biodiversité. Un soulagement encore, pour l’Union Européenne, qui quand elle dépasse ses dissensions internes et égoïsmes nationaux de ses Etats-membres (qui ont considérablement ralenti les négociations), peut mesurer son poids à l’échelle internationale, dans un contexte géopolitique en mouvement.
Les engagements pris vont dans la bonne direction, il faut faire en sorte maintenant qu’ils soient respectés et mis en œuvre. La route reste sinueuse et longue vers un modèle de société pérenne basée sur l’utilisation et la gestion économe du bien commun qu’est notre capital nature. Mais à Hyderâbâd une nouvelle étape été franchie ! Rendez-vous en 2014 en Corée du Sud pour la COP12.