Transports : Mettons les bouchées doubles pour atteindre les objectifs climat
« A quelques mois de la COP21, il est indéniable que ce rapport met en avant plusieurs mesures pour favoriser les transports propres ou le report modal : nouvel objectif visant à doubler les transports publics en zone urbaine, mesures en faveur du vélo, nouvelles mesures pour atteindre l’objectif de report modal du fret routier vers le rail ou le fluvial à hauteur de 30% d’ici 2030 et 50% d’ici 2050.
Côté financement, il place également la mobilité durable comme un secteur prioritaire pour les investissements du Plan Juncker et du mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE). Il réaffirme aussi le principe d’internalisation des coûts de la pollution, en invitant la Commission à prendre « des mesures concrètes pour assurer une application plus large des principes de « l’utilisateur-payeur » et du « pollueur-payeur » » et à « mettre les modes de transport sur un pied d’égalité, en supprimant le cas échéant les subventions fiscales nuisibles pour l’environnement ». Ce sont des bons signaux qui doivent maintenant se traduire par la mise en place d’une fiscalité verte (introduction d’une euro-vignette poids lourds ou d’une taxe diesel et suppression des niches fiscales pour l’aviation) pour permettre notamment au rail de retrouver une compétitivité face aux modes de transports plus polluants comme le routier et l’aviation. Autant de mesures nécessaires si nous voulons atteindre nos objectifs climat, à savoir une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 60% d’ici 2050.
Pourtant, certains passages du texte semblent contredire ces bonnes résolutions. C’est le cas notamment du paragraphe 64-11 qui demande le réexamen de la directive 2015/719 relative aux poids et dimensions maximaux autorisés afin d’obtenir des dérogations à l’interdiction des méga-camions sur le sol de l’UE.
De même, à l’approche du nouveau paquet aérien, il faudra rester vigilants aux recommandations concernant l’aérien puisque sous couvert des difficultés du secteur, le rapport se concentre exclusivement sur la compétitivité de l’aviation (par exemple le développement des aéroports régionaux) sans considération pour les enjeux climatiques.
Ces incohérences sont clairement hors propos et contradictoires avec l’urgence pour l’Union européenne d’intégrer la lutte contre la pollution et le réchauffement climatique dans ses politiques de transport. »