Migrants tunisiens au Parlement européen : « Je ne suis pas un criminel »
Les députés européens écologistes réclament, une fois de plus, que la directive qui prévoit une protection temporaire « en cas d’afflux massif de personnes déplacées » soit utilisée au plus vite : « L’Union européenne dispose des outils pour faire face à cette situation, observe Hélène Flautre. Elle doit tout mettre en œuvre pour être solidaire du mouvement démocrate qui se soulève dans le pays. Accompagner la transition démocratique de cet Etat, c’est aussi permettre aux jeunes venus ici de souffler, d’avoir des permis de séjour temporaires et de trouver un travail pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles restées au pays. » « Vous avez fait ce voyage car vous n’aviez pas d’autres choix, poursuit José Bové. L’UE doit activer ce dispositif exceptionnel pour vous accueillir, et reconnaître votre existence. »
L’arrivée des migrants tunisiens a provoqué une crise en Europe. Plusieurs pays étaient même prêts à remettre en cause le principe fondateur de la libre circulation des personnes au sein de l’espace Schengen. Pour les écologistes, cette crise, et les révolutions qui ont lieu dans le monde arabe, doivent au contraire être le point de départ de nouvelles relations entre les pays européens et les pays de la Méditerranée. Nous devons concevoir une nouvelle politique de circulation entre les deux rives et établir des rapports justes et équilibrés sur le plan économique.
Témoignages de jeunes Tunisiens au Parlement européen :
- « Tunisie, Lampedusa, Bari et la frontière franco-italienne… On a risqué notre vie pour venir ici. J’avais l’espoir que l’Europe me donne ma chance et je voulais trouver le moyen d’aider ma famille, d’avoir un travail et un peu de dignité. Je viens d’une région très défavorisée en Tunisie, dans le Sud-Est où on n’a rien à faire, rien à attendre. J’ai un BTS dans la restauration mais avec après la révolution à laquelle j’ai participé, et ensuite la guerre en Libye, chez moi, le tourisme et le commerce sont des secteurs sinistrés. Quand je suis arrivé, je me suis senti traité comme un esclave, comme un criminel… En Italie, je n’ai pas eu le droit de circuler dans la ville, j’ai dormi dehors, je ne me suis pas douché pendant une semaine, pas dormi pendant cinq jours. Je ne comprends pas. C’est inhumain. Dans ce monde, pleins de gens ont le droit d’essayer d’améliorer leur condition, pourquoi pas moi ? »
- « J’aimerais bien que les ministres qui viennent faire une croisière en Tunisie essaient de se mettre à notre place. Dans ma région, dans le Sud de la Tunisie, les femmes sont nombreuses à travailler dans le maraîchage pour des entreprises européennes ou des multinationales. Elles gagnent à peine 60 euros par mois pour nourrir toute une famille. Je ne parle même pas des pesticides et de leurs problèmes de santé… Comment voulez-vous que leurs fils ne quittent pas leur pays dans ces conditions ? »
– Lire la lettre ouverte : il faut activer la protection temporaire des migrants tunisiens