Perturbateurs endocriniens : la Commission européenne toujours isolée
Réaction de Michèle RIVASI, membre de la Commission santé publique et environnement :
» En supprimant la référence à l’exposition négligeable au risque des perturbateurs endocriniens qui aurait laissé la possibilité d’autoriser la plupart des substances dangereuses, la Commission a fait une concession. Sa proposition demeure néanmoins insuffisante pour protéger notre santé et notre environnement. Les États membres ont donc eu raison de ne pas la soutenir. C’est le quatrième revers de la Commission depuis juin 2016.
En contradiction avec la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui prend en compte les dommages constatés sur l’organisme, la Commission s’entête sur l’identification du mode d’action et des effets d’une substance sur l’organisme pour la caractériser comme perturbateur endocrinien. L’OMS a par exemple démontré les effets indésirables sur le système reproductif des mammifères du PCB de Monsanto utilisés dans les peintures sans pour autant en connaître le mode d’action.
En outre, la Commission maintient l’exception pour les pesticides. Le texte indique clairement qu’un perturbateur endocrinien tuant des espèces nuisibles ne devrait pas être considéré comme perturbateur endocrinien pour les espèces non cibles (abeilles, coccinelles). Un cadeau pour l’industrie chimique !
La Commission bafoue aussi le principe de précaution puisqu’elle ne prévoit pas de créer de catégories de perturbateurs endocriniens et, par conséquent, d’encadrer au moins les substances suspectées de s’attaquer à notre système hormonal.
Il va falloir qu’elle propose aux États membres un texte protégeant réellement notre santé et notre environnement. «
Photo : University of Liverpool Faculty of Health & Life Sciences / CC BY 2.0