Présidence italienne de l’UE : il ne faut pas que « tout change pour que rien ne change »
Matteo Renzi, le nouveau chef d’orchestre de l’Union européenne (l’Italie a pris la présidence tournante du Conseil ce mardi 1er juillet), a débattu avec les eurodéputés récemment élus, réunis en plénière à Strasbourg ce mercredi 2 juillet, de la feuille de route et des priorités politiques de la présidence italienne pour les six prochains mois.
Le programme de la présidence italienne est essentiellement tourné vers la croissance, l’emploi et l’innovation, auxquels s’ajoute une volonté nécessaire de plus de solidarité européenne, notamment en matière d’immigration. Le dynamique Président du Conseil italien, fort de sa légitimité obtenue dans les urnes aux dernières élections européennes (le Parti démocrate y a obtenu 40 % des voix) a ainsi fait montre d’ambition, d’une vision et d’une volonté de changement bienvenues concernant les politiques européennes à mettre en œuvre dans les prochains mois.
Néanmoins, on ne peut se permettre le luxe de rester dans une position attentiste en comptant sur Matteo Renzi pour être tout seul le héros sauveur de l’Europe et pourfendeur du carcan des politiques austéritaires profondément rejetées par une majorité d’Européens. Car au delà de la présidence italienne, une certaine continuité est observable, Jean-Claude Juncker, sauf surprise de dernière minute, étant sans doute le futur président de la Commission européenne, et Martin Schultz, président sortant du Parlement européen, venant d’être reconduit à ce poste.
La délégation française d’Europe Ecologie au Parlement européen soutient ainsi volontiers le volontarisme porté par Matteo Renzi et la présidence italienne de l’UE, particulièrement à propos dans un contexte où l’UE est décriée par les citoyens européens, à en croire le taux d’abstention et la poussée des partis politiques europhobes et populistes dans de nombreux États membres lors des dernières élections européennes. Nous appelons également de nos vœux à un changement radical des politiques européennes afin de clôre enfin l’ère Barroso, symbolisée par l’austérité et l’impuissance politique de l’Europe. Concernant la priorité donnée au marché intérieur, la mise en place de réformes structurelles et le financement de la croissance, les écologistes européens ont des propositions fortes et concrètes à faire valoir, pour plus de protection, de solidarité, pour soutenir la transition énergétique et les emplois d’avenir, ou encore pour abattre les murs de l’Europe forteresse.
La future Commission n’étant pas opérationnelle avant novembre prochain, la présidence italienne a l’occasion de mettre sur la table les dossiers jusqu’à présent bloqués et pourtant fondamentaux pour les citoyens dans les domaines de l’environnement, la santé, la protection des consommateurs ou encore l’immigration, et bien entendu la remise à plat des négociations autour du traité de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis (TTIP), lourdes de menace pour les normes sociales et environnementales chèrement acquises par les citoyens européens.
Les écologistes européens seront donc les meilleurs alliés de la présidence italienne dans sa volonté de changement contre l’austérité imposée, si celle-ci ne reste pas dans le champ de l’incantation mais sait dépasser l’ensemble des conservatismes de l’UE pour enfin penser aux citoyens et aux générations futures.
La délégation Europe Ecologie au Parlement européen : José Bové, Karima Delli, Pascal Durand, Yannick Jadot, Eva Joly et Michèle Rivasi