Prisons secrètes de la CIA en Europe – le passé ne passe pas
Le programme CIA mis en place par l’administration Bush connu sous le nom de « restitutions extraordinaires » a développé un système illégal d’enlèvements, de torture et de détention dans des sites secrets de personnes suspectées de terrorisme par la CIA.
Suite aux révélations par la presse en 2005 faisant état de complicités européennes, le Parlement européen avait mis sur pied une commission temporaire d’enquête qui a révélé le bien fondé des allégations. Dans la résolution finale adoptée en 2007, le Parlement enjoignait les Etats à diligenter des enquêtes approfondies et indépendantes. Il leur recommandait de lui faire rapport des initiatives entreprises et invitait la Commission et le Conseil à encadrer et suivre ces démarches.
Après un dur combat pour ré-ouvrir ce dossier, Hélène Flautre, reprend l’affaire cinq ans après pour dénoncer l’inaction de l’Union européenne sur ce sujet.
Pour Hélène Flautre : » Des violations des droits de l’Homme, que l’on imaginerait impensables sur le territoire européen ont été commises. Les Etats ont au mieux détourné le regard sur les agissements de la CIA, au pire joué un rôle actif dans la torture, l’enlèvement et la détention de personnes que la CIA avait décidé de considérer comme suspectes. Il est de la responsabilité de tous les états européens et de l’Union d’œuvrer à ce que la vérité et la justice soient faites et de garantir que ces abus ne puissent jamais se reproduire ».
L’audition marquée par une mobilisation massive des députés européens a fortement interpelé les membres du Parlement sur les preuves qui continuent à s’accumuler à l’encontre des Etats depuis 2007 et sur les obstacles et pressions qui gangrènent le processus de justice. Les témoignages d’acteurs de terrain, avocat et ONG, ont sérieusement mis à mal les tentatives officielles d’enterrer la responsabilité des Etats.
S’exprimant après l’audition Hélène Flautre parlait d’une « audition qui restera dans la mémoire de la commission Libertés Civiles, et qui augure d’une belle mobilisation future sur le sujet. »
« Il est du devoir du Parlement de faire en sorte que le droit international soit respecté et celui-ci implique l’obligation pour les Etats d’enquêter sur toute allégation de violation aux droits de l’Homme. Les gouvernements doivent rendre des comptes pour les abus dont ils sont responsables, les acteurs étatiques doivent être poursuivis pour les crimes qu’ils ont commis, les victimes doivent obtenir réparation pour les exactions qu’elles ont subies. La Commission et le Conseil doivent prendre toutes les initiatives nécessaires pour atteindre ces objectifs. »
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