Stratégie macro-régionale en Méditerranée : le Parlement Européen lance une nouvelle dynamique
Un rapport d’initiative est réalisé sur demande d’un groupe, en l’occurrence le groupe Verts-ALE, et sa réalisation à demandé un travail de septembre 2011 à mai 2012. Au moment de la proposition de rapport, il a fallu vaincre bien des réticences parmi les députés à l’heure où la presse du Nord de l’Europe se répandait, à propos du dossier grec, en anathèmes contre l’Europe du Sud. Ces réticences étaient aussi sensibles à la Commission peu favorable à ouvrir de nouvelles possibilités de dépenses alors que la priorité est aux économies. Et enfin il fallait convaincre de l’intérêt d’une telle démarche les régions et pays de Méditerranée en proie à d’autres urgences, sans compter la prise en compte des « stratégies lourdes », telles que l’Union pour la Méditerranée.
L’élaboration du rapport a donc consisté à rencontrer les acteurs de terrain pour les intéresser à une telle démarche. Plusieurs réunions ont eu lieu, à Catane, à Barcelone, au siège même de l’Union pour la Méditerranée, à Ancona où siège l’initiative lancée pour la mer Adriatique, à Palerme, ainsi que dans les réunions de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes qui a apporté tout son soutien à cette initiative. Ce cycle continue cette semaine à Chypre.
De cette mobilisation, il est ressorti un fort soutien des régions concernées. Toutes adhèrent à l’idée qu’une stratégie macro-régionale, nouvelle forme de coopération territoriale expérimentée pour la première fois en 2009 pour la Mer Baltique, est de nature à donner à l’espace méditerranéen un outil d’initiative apte à construire un développement économique plus dynamique et mieux coordonné, avec une ouverture structurée vers les pays du sud.
Face à ce consensus, la Commission Européenne a évolué rapidement, et exprimé à son tour son appui pour qu’une telle démarche puisse se concrétiser malgré les difficultés en cours. Et, en Commission REGI, la mobilisation des députés du sud, matérialisée par des dizaines d’amendements proposés pour soutenir et enrichir le rapport, a emporté, groupe par groupe, les réticences de leurs homologues nordiques au départ très circonspects.
Dans la conclusion de ce rapport, le Parlement s’adresse à la future présidence chypriote, qui assurera la présidence tournante de l’Union Européenne pour six mois à partir du premier juillet, pour qu’elle favorise un tel projet. Ce qui pourrait prendre la forme d’une « conférence » lançant l’initiative sous l’égide de toutes les autorités européennes, le Parlement, le Comité des Régions, la Commission et le Conseil.
La mise sur pied d’une telle conférence sera la prochaine étape du travail lancé par ce rapport parlementaire. Certaines Régions ont décidé de prendre l’initiative à bras le corps. Il est temps, et plus que temps, que les politiques européennes se tournent vers la Méditerranée où se joue, pour beaucoup, l’avenir même de l’Europe. Le Parlement Européen a surmonté les réticences et lancé l’initiative. Il pourrait être suivi par tous, tant il est clair désormais que c’est une priorité politique évidente pour tous ceux qui veulent conjurer un risque d’éclatement de l’Union Européenne dans son espace méditerranéen.