Tunisie : Mais pourquoi ce silence ? Pourquoi cette indifférence hypocrite ?

04.11.2009

Mais pourquoi ce silence ? Pourquoi cette indifférence hypocrite ? Le 30 octobre, cinq jours seulement après la réélection de Bel Ali, avec 89, 62 % des voix, on apprenait que l’arrestation du journaliste tunisien Taoufik Ben Brick, intervenant après bien d’autres mesures de rétorsion contre ceux qu’il faut désormais qualifier de « dissidents », suscitait « la concertation des capitales européennes ». Depuis, plus rien. Est-ce à dire que depuis une semaine, on se concerte toujours ?

Ben Brick – Polanski : deux poids, deux mesures

En fait, on ne fait rien comme l’ont souligné les eurodéputés d’Europe-Ecologie Daniel Cohn-Bendit, José Bové, Eva Joly et Hélène Flautre, mettant en parallèle l' »indifférence » de Bernard Kouchner et Frédéric Mitterrand envers ces « détentions arbitraires en Tunisie » avec l’empressement de leur indignation lors de l’arrestation en Suisse de Roman Polanski. Car dans le cas tunisien, c’est une vraie vague de répression : enlèvements de Slim Boukhdhir, correspondant de Al-arabya, de Mohamed Soudani, étudiant syndicaliste, le harcèlement et les actes de violence à l’encontre de Sihem Bensedrine, rédactrice en chef de Kalima, sans compter les détentions arbitraires de 38 manifestants du bassin minier de Gafsa, de Zouhair Maklouf, journaliste et reporter et celle Taoufik Ben Brik, accusé, en fait, d’avoir publié des articles hostiles au régime dans la presse française.

La dynastie au pouvoir ne peut se suffire de son simulacre électoral, de cette campagne en trompe-l’œil ?

Sans compter l’ignoble campagne qui salit Florence Beaugé, envoyée spéciale du quotidien français « Le Monde » refoulée de Tunisie et accusée « d’incitation à la haine, à la mort et à l’attentat contre la Tunisie » ! Est-ce que la dynastie au pouvoir en Tunisie ne peut se suffire de son simulacre électoral, de cette campagne en trompe-l’œil ? Une remarquable enquête de suivi de la couverture par les médias nationaux présentée par la porte parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie , Sihem Ben Sedrine confirme que 97% de cette couverture a concerné le Président-candidat Ben Ali et le parti gouvernemental RCD et que l’épouse du chef de l’Etat – nommée « la régente de Carthage » – a bénéficié de 14% de la couverture médiatique de la campagne.

Alors qu’Obama marque sa réserve, Sarkozy s’empresse d’apporter son soutien inconditionnel

C’est à ce système politique, fondé sur la « force de l’obéissance », la peur et l’impunité et qui ne tolère plus de voix discordantes, que Nicolas Sarkozy s’est, tout de même, empressé d’apporter son inconditionnelle caution dans les heures qui ont suivi le sacre de Ben Ali. Seule la nouvelle administration américaine du président Obama a marqué une certaine réserve en faisant part de ses « préoccupations » précisant qu’à sa connaissance « aucun observateur crédible n’a obtenu l’autorisation de contrôler le vote ».

Pour Eric Raoult, la démocratie pour les Tunisiens c’est, à quelques nuances près, comme donner de la confiture aux cochons!

Le pire est encore les prises de position d’Eric Raoult, président du groupe d’amitié parlementaire franco-tunisien qui dans une télévision est allé défendre ce « sacre » en attaquant la journaliste du Monde, se réjouissant de ce score écrasant, notant qu’«incontestablement en Tunisie, beaucoup de gens aiment le président Ben Ali», tout en concédant que «la Tunisie n’a pas les même critères démocratiques que nous» ! Que faisons-nous, nous la presse française pour contrer cette nouvelle forme de néo-colonialisme pour lesquels que parler de démocratie pour les Tunisiens, c’est, à quelques nuances près, comme donner de la confiture aux cochons ! Or, comment pensez-vous qu’ils s’informent les démocrates tunisiens ? Par nos radios, nos télés et nos journaux lorsqu’ils ne sont pas censurés.

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.