Les migrants (et les associations) ont des droits !
Pour Karima DELLI :
« Alors que le dernier rapport du défenseur des droits Jacques Toubon pointe du doigt une situation d’une gravité extrême, cette action en justice est un cri d’alarme des associations. Dans ce contexte, le mépris affiché par le Ministre de l’Intérieur à l’encontre des migrants et des travailleurs sociaux lors de son déplacement à Calais vendredi dernier est une provocation inacceptable.
C’est oublier qu’à Calais, où les pouvoirs publics ont littéralement démissionné, les associations sont le dernier rempart d’un désastre humanitaire qui s’aggrave chaque jour un peu plus, depuis des années, faute de volonté politique. Tant bien que mal, les associations prennent seules en charge les besoins élémentaires de centaines de personnes livrées à elle-même en assumant des tâches aussi diverses que la distribution de nourriture ou l’accompagnement dans les démarches de demandes d’asile. Aujourd’hui, elles ne dénoncent plus seulement les carences de l’administration mais aussi les obstacles auxquels elles doivent faire face quotidiennement pour poursuivre leur action humanitaire. Alors qu’Emmanuel Macron s’est fait le défenseur à Bruxelles d’une Europe plus solidaire lors du dernier Conseil européen, l’absence d’une réelle politique migratoire européenne ne doit pas servir d’excuse au gouvernement pour renoncer à prendre ses responsabilités sur le territoire français.
Si réviser le système de Dublin ou revenir sur les accords du Touquet sont des priorités, Monsieur Collomb doit proposer des solutions concrètes plutôt que mettre le feu au poudre avec des formules inappropriées pour un représentant de l’État.»
Pour rappel, dans sa décision du 26 juin 2017, le juge a refusé d’ordonner la création à Calais d’un centre d’accueil d’urgence pour les migrants, mais a ordonné des mesures pour leur venir en aide : création de points d’eau, de sanitaires ou encore autorisation des distributions de repas.
Photo : Squat Le Monde / Licence CC BY-NC-ND 2.0