Les Verts et la relance de l’économie
Nous ne parlons pas de relance de la croissance, mais de conversion de l’économie et de new deal (nouvelle donne). Car aujourd’hui on ne peut relancer l’économie sans en changer les règles. Impossible de faire comme si le changement climatique n’existait pas, comme si le modèle libéral et inégalitaire pouvait être conforté alors qu’il nous a mené dans l’impasse. La relance verte, c’est une conversion écologique et solidaire de l’économie qui diminue la pression que nous excercons sur l’environnement tout en créant des centaines de milliers d’emplois dans l’isolation des bâtiments existants, la généralisation des maisons à très basse consommation d’énergie, les transports en commun, les énergies vertes, les éco-innovations dans tous les secteurs d’activité.
Le grenelle de l’environnement, malgré ses insuffisances, aurait pu être le cadre minimal de cette nouvelle économie. Et pourtant, le gouvernement a encore repoussé son adoption au Parlement. Il faut au contraire déclarer l’urgence sur ce texte car ces investissements peuvent créer rapidement des emplois et donc répondre à court terme à la montée du chômage tout en contribuant à lutter contre le changement climatique, qui est une menace plus importante que la crise financière actuelle. Tout argent dépensé pour résoudre la crise économique mais qui aggrave la crise environnementale est de l’argent perdu et gaspillé. Malheureusement, les plans de relance français et européens n’ont pas cette vision stratégique et comporte des mesures contreproductives comme la relance du programme autoroutier.
Faut il aider les constructeurs automobiles au nom de la défense de l’emploi ?
Nous voulons passer avec l’industrie automobile un contrat de conversion écologique qui porte à la fois sur de l’innovation verte et sur la formation de leurs salariés à d’autres métiers car ils ne sont pas responsables du manque d’anticipation de leurs patrons. L’argent public ne doit aller dans le secteur automobile que s’il est capable de changer radicalement pour réduire dès aujourd’hui son impact sur l’environnement. Dans le cadre de ce contrat de conversion, les constructeurs doivent accepter par exemple un bridage des moteurs au niveau des vitesses maximum autorisées, de ne pas mettre sur le marché de nouveaux modèles dont les émissions de Co2 sont supérieurs à 120 gramme par kilomètre, des engagements en terme de transition professionnelle rémunérée à taux plein pour leurs salariés dont les savoir faire peuvent et doivent être utilisés dans d’autres secteurs. Les constructeurs qui ne jouent pas ce jeu collectif ne doivent pas être aidés.
Les verts sont ils favorables à la relance de la consommation ?
Nous raisonnons autour du tryptique consommer tous, consommer moins et consommer mieux.
Pour 7 millions de français, qui touchent le RMI, des allocations chômage ou un salaire qui ne leur permet pas de dépasser le seuil de pauvreté, vivre mieux c’est d’abord consommer plus. Nous sommes donc favorables à l’augmentation immédiate des minima sociaux et du RSA, ce qui contribue à la fois à réduire les inégalités et à relancer la consommation. Cette politique peut être financée en augmentant les tranches supérieures de l’impôt sur le revenu comme vient de le décider le Royaume-Uni.
Mais compte tenu de la crise environnementale la réponse ne peut pas être de consommer collectivement plus.
En revanche, nous sommes pour que tout le monde consomme mieux, c’est à dire des produits moins nocifs pour l’environnement et pour notre santé. Nous proposons par exemple que les collectivités locales mettent en place des cartes fruits et légumes pour relancer la consommation de produits frais, de saison, si possible bio ou locaux. Nous sommes également pour l’extension des bonus malus écologique de façon à encourager la consommation et la production responsable. Mais la relance générale de la consommation pour que tout le monde ait deux écrans plats, non.
Dans ce contexte, que doit faire l’Europe ?
L’Europe a une responsabilité déterminante à trois niveaux.
La première est de financer les investissements verts nécessaires à la conversion écologique de l’économie (isolation des bâtiments, lignes TGV pour remplacer les avions…).
La deuxième est de créer les conditions d’une économie de marché responsable. Cela signifie adopter des normes d’accès au marché unique européen qui intègre des exigences environnementales et sociales élevées. L’Union européenne étant le premier marché du monde, aucune multinationale ne peut s’en passer. C’est à ce niveau que le politique peut reprendre le pouvoir.
Troisièmement, l’Europe doit encadrer les marchés financiers et la circulation des capitaux hors de ses frontières. Un système économique tourné vers la maximisation du profit à court terme est incompatible avec un développement soutenable. L’Europe doit notamment lutter contre l’évasion dans les paradis fiscaux qui représente un manque à gagner pour le seul Etat français de près de 30 milliards par an, soit le montant du plan de relance annoncé par Nicolas Sarkozy. L’Europe est également bon niveau pour harmoniser progressivement l’impôt sur le capital et sortir de la concurrence fiscale entre nos Etats, etc… Tout cela n’est plus possible au niveau national mais le demeure au niveau européen à condition que l’on passe d’un radicalisme de façade à une véritable volonté de changement. Si l’Europe ne s’engage pas dans ce new deal, on ne peut exclure que la crise conduise à une exacerbation des nationalismes qui conduirait à faire imploser la construction européenne.