Paquet mobilité : le Parlement européen fait des routiers des salariés de seconde classe
Le Parlement européen a adopté un paquet de mesures visant à libéraliser la législation sociale pour les salariés du secteur de transport routier de marchandises. L’accord voté en première lecture ouvre ainsi la voie à une exemption à la directive sur le détachement pour les seuls salariés du routier. Les négociations à suivre avec le Conseil devraient vraisemblablement avoir lieu pendant le mandat prochain. Réaction de Karima DELLI.
Karima DELLI, présidente de la Commission Transport et Tourisme du Parlement européen déclare :
« Si la récente révision de la directive sur le détachement des travailleurs comportait des progrès réels, c’était au prix de l’exemption du secteur routier. Aujourd’hui, cette exception est hélas confirmée, et se traduit par la création en Europe d’une classe de salariés de seconde zone.
Les chauffeuses et chauffeurs du secteur routier sont victimes du deal passé entre le gouvernement français et les États périphériques, qui en avaient fait une monnaie d’échange afin d’obtenir un accord sur la révision de la directive générale sur le détachement. Malgré le vote sans ambiguïté des Verts-ALE en faveur d’une protection sociale des routiers égale à celle des autres salariés, ils ne bénéficieront pas des mêmes conditions de détachement : c’est un trou béant dans le bouclier social promis par ceux-là mêmes qui ont voté cette proposition!
Quant à nous, les écologistes, nous nous sommes battus jusqu’au bout pour que les salariés du secteur routier bénéficient des mêmes droits que les autres : le principe « à travail égal, salaire égal » devrait s’appliquer à toutes et tous, sans exception. La course au moins-disant social ne devrait plus avoir sa place en Europe.
Nous pouvons être fiers d’avoir repoussé toute libéralisation en ce qui concerne les temps de repos et de conduite des salariés. Celle-ci aurait mis en péril leurs conditions de travail, leurs rythmes de vie et la sécurité routière qui en dépend directement. Malgré les tentatives de la Commission européenne et des conservateurs, le repos régulier en cabine restera donc interdit conformément à l’arrêt récent de la CJUE. Quant aux heures de travail, elles ne pourront pas être légalement rallongées, pas même pour les chauffeurs de bus et cars.
Enfin, malgré les pressions de nombreux États et leurs représentants au sein du Parlement européen, nous n’avons jamais lâché sur le cabotage: limité dans le temps, avec l’obligation du retour du camion à sa base et un encadrement pour lutter contre les entreprises boîtes aux lettres, il permettra de nous protéger de la jungle sociale voulue par certains dans le secteur, quoi qu’il arrive lors des négociations futures avec le Conseil. »