Prix Sakharov : le groupe Verts/ALE soutient les militant·e·s de Guapinol

Depuis 1988, le Parlement européen décerne chaque année le Prix Sakharov à des personnalités et des organisations qui défendent les droits humains et les libertés fondamentales. Chaque groupe politique, ou un groupe d’au moins 40 eurodéputé·e·s, peut présenter un·e candidat·e.
Aujourd’hui, lors d’une réunion extraordinaire des commissions Affaires étrangères, Droits humains et Développement, les candidatures proposées seront présentées. Un vote aura ensuite lieu le 12 octobre au sein de ces commissions pour choisir les trois finalistes. C’est ensuite la  Conférence des président·e·s de groupes politiques qui désignera le/la/les lauréat·e·s à qui le prix sera remis le 16 décembre.

Cette année le groupe des Verts/ALE a fait le choix de soutenir la nomination des militant·e·s écologistes de Guapinol au Honduras, qui se battent contre la pollution de leur environnement et, notamment, pour la protection de la ressource la plus précieuse sur terre : l’eau.

Porfirio Sorto Cedillo, José Avelino Cedillo, Orbin Naún Hernández, Kevin Alejandro Romero, Arnold Javier Aleman, Ever Alexander Cedillo, Daniel Marquez et Jeremías Martínez Díaz sont membres du Comité municipal de défense des biens communs et publics de Tacoa. Ils ont été emprisonnés pour avoir participé à une manifestation pacifique contre une compagnie minière, dont les activités avaient mené à la contamination des rivières du Guapinol et San Pedro. Alors que d’autres détenus ont été libérés, les défenseurs de Guapinol demeurent derrière les barreaux, en détention préventive, et l’accusation n’a toujours pas présenté de preuves solides expliquant le prolongement de leur incarcération.

À titre posthume, nous souhaitons que ce prix soit aussi remis à Berta Cáceres, militante écologiste issue de la communauté lenca du Honduras, assassinée en mars 2016. Elle avait cofondé le COPINH (Council of Indigenous People of Honduras – le Conseil des peuples indigènes du Honduras). Pendant plus de 20 ans, elle s’est battue contre l’accaparement illégal des terres, l’abattage illégal des arbres et les mégaprojets. Elle a reçu le Prix Goldman pour l’Environnement en 2015, un prix remis aux défenseurs de l’environnement qui risquent leurs vies : en médiatisant leur action, ce prix vise à les protéger de leurs potentiels agresseurs. Cela ne fut malheureusement pas suffisant pour sauver Berta Cáceres.

L’an dernier, pas moins de 200 militant·e·s écologistes ont été assassiné·e·s, selon le rapport annuel de l’ONG Global Witness, qui reconnaît que ces chiffres – croissants d’année en année – sont forcément sous-estimés. 60% de ces meurtres se sont produits en Amérique latine, où la pression exercée sur les ressources naturelles est plus forte que jamais. Dans cette région, c’est le Nicaragua qui détient le plus triste des records avec le plus de grand nombre de militant·e·s écologistes assassiné·e·s par habitant·e·s.

Aujourd’hui, plus que jamais, il est nécessaire de souligner que les mesures extraordinaires ne doivent pas être utilisées pour limiter les droits fondamentaux de manière permanente ou arbitraire, ni servir de couverture à des actions répressives ou être utilisées pour faire taire le travail des citoyen·ne·s et des groupes de défense des droits humains.

Pour Mounir Satouri :

« Bien plus qu’un moment émouvant de politique étrangère consacrant des personnalités incroyables, le Prix Sakharov est l’incarnation de notre soutien indéfectible aux droits humains. Il témoigne de notre engagement à poursuivre notre action auprès des lauréats et nous oblige à mettre en œuvre une politique cohérente et systématique vis à vis de leur cause »

Pour Marie Toussaint :

« Chaque année, les défenseur·e·s de l’environnement sont menacé·e·s, réduit·e·s au silence, voire assassiné·e·s, par les mafias et groupes armés mais aussi par les autorités publiques. Ils et elles ne veulent que protéger leurs droits et ceux du vivant ; pourtant l’Union européenne ne dispose encore d’aucune politique publique pour les protéger. Au Honduras, les défenseurs de l’environnement du Guapinol sont en détention préventive depuis un an en raison de leur lutte contre une compagnie minière dont les activités ont entraîné la contamination des rivières Guapinol et San Pedro. Berta Cáceres était une écologiste courageuse et une éminente militante des droits de la communauté Lenka au Honduras ; elle a été assassinée dans sa propre maison le 3 septembre 2016. Celles et ceux qui, comme Berta Cáceres et les Guapinol, défendent pacifiquement leurs terres et leur environnement naturel contre l’accaparement des terres, les activités minières, l’exploitation forestière illégale et les méga-projets… En somme, celles et ceux qui ne font que demander justice, doivent être protégé·e·s ! »

 

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