Stratégie climat / COP24 : une nouvelle occasion manquée
Aucun des huit scénarios proposés par la Commission européenne dans sa stratégie 2050 sur le climat ne répond à l’urgence rappelée par le dernier rapport du GIEC. Cette stratégie ne donne pas l’occasion aux gouvernements de l’UE de se fixer des objectifs clairs pour réduire de manière significative leurs émissions de gaz à effet de serre et maintenir ainsi la hausse de la température mondiale sous 1,5 ° C. À quelques jours du début des négociations de la COP 24 en Pologne, Yannick JADOT, Michèle RIVASI et les écologistes européens demandent plus d’ambition à la Commission afin d’éviter une catastrophe climatique.
Yannick JADOT, porte-parole des Verts/ALE pour le climat, a déclaré:
« Alors que l’Europe devrait porter le flambeau de la transition verte, la Commission arrivera à Katowice lors de la COP24 avec une stratégie décevante et peu ambitieuse. Cette stratégie ne répond pas à l’urgence climatique. Les effets positifs sur l’économie, l’emploi et la santé d’une transition vers une économie ‘net-zéro’ émissions sont nombreux et reconnus par la Commission aujourd’hui. C’est pourquoi il est encore plus incompréhensible qu’elle se cantonne au business as usual en matière de politique climatique pour les 10 prochaines années.
Cette stratégie est une occasion manquée de présenter des objectifs climatiques clairs en vue d’une économie décarbonée génératrice d’emplois, qui permettra de maintenir le réchauffement climatique sous 1.5°c. Pour cela, l’UE doit augmenter son objectif de réduction des émissions à 55% à l’horizon 2030, et modifier l’ensemble de ses politiques sectorielles dès aujourd’hui.
Comme l’indique le rapport du GIEC, chaque demi-degré importe, les actions que nous menons actuellement sont essentielles pour éviter le chaos climatique. La Commission européenne fait fi de ces réalités en reportant toute action à 2030 et en évitant les débats difficiles avec les États les plus réticents. Le commissaire chargé du climat, Miguel Arias Canete, se limite à modérer et à présenter des propositions là où un leadership pressant et puissant est nécessaire. »
Michèle RIVASI, co-rapporteur sur la gouvernance de l’Union de l’énergie réagit :
« Sur les huit scénarios proposés, seulement les deux derniers visent à atteindre zéro émissions nettes en 2050. Sans compter qu’ils reposent sur des techniques d’apprenti sorcier pour capturer des quantités irréalistes, voire les éliminer de l’atmosphère.
Si nous voulons rester crédibles et respecter la barre des 1.5°C, il faut d’abord mettre la priorité sur la réduction de nos émissions. Nous devons viser une économie zéro-émissions d’ici 2040. Le dernier rapport du GIEC appelle à des transitions « rapides et de grande envergure » pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Le dérèglement climatique est là, il faut agir dès maintenant ! »
CONTEXTE
Dans sa résolution, le Parlement européen appelle les gouvernements de l’UE et la Commission européenne à réduire d’avantage les émissions de CO2 de 40% à 55% d’ici 2030 par rapport à 1990. Du 3 au 14 décembre, lors du sommet sur le climat de l’ONU Katowice, en Pologne, les chefs d’État et de gouvernement négocieront comment atteindre l’objectif de Paris d’un réchauffement climatique de moins de 1,5 degré. Le récent rapport sur le climat du GIEC des Nations Unies appelle les gouvernements à faire davantage et éviter une catastrophe climatique.