Boues rouges en Hongrie : la Commission européenne doit combler le vide législatif existant autour des déchets toxiques

La catastrophe hongroise montre qu’une fois encore, la sécurité des citoyens et la protection de l’environnement semblent avoir été délaissées au détriment de la sacro-sainte rentabilité financière et de l’irresponsabilité d’industriels peu scrupuleux.
Communiqué – Strasbourg, le 20 octobre 2010

La catastrophe hongroise montre qu’une fois encore, la sécurité des citoyens et la protection de l’environnement semblent avoir été délaissées au détriment de la sacro-sainte rentabilité financière et de l’irresponsabilité d’industriels peu scrupuleux. Dans le cas présent, il semble même que l’administration hongroise puisse être mise en cause. Comme dans le cas des déchets nucléaires, le stockage de ces boues extrêmement toxiques démontre que les normes de sécurité aussi strictes soient-elles ne sont jamais suffisantes, et que des quantités astronomiques de déchets ne peuvent être gérées durablement.

A l’issue du débat parlementaire en session du Parlement européen, le 19 octobre 2010, Michèle Rivasi et Sandrine Bélier députées d’Europe Écologie commentent la situation.

Michèle Rivasi, députée européenne Europe Ecologie, membre de la commission Environnement et santé publique, reste amère : « Alors que la semaine dernière la majorité du Parlement européen a refusé un moratoire sur l’extraction pétrolière, qui aurait adressé un signal fort au industriels, nous revoilà encore dans une situation où la politique ne reste qu’une autorité gestionnaire des catastrophes industrielles. Dès 2003, des associations écologistes hongroises avaient interpellé l’administration sur l’inadéquation des moyens mis en œuvre pour gérer de telles quantités de déchets toxiques: aucune réaction. Les derniers contrôles effectués par le ministère de l’environnement hongrois ont jugé conformes les normes de sécurité à respecter, les responsabilités de cette catastrophe sont donc à partager avec l’entreprise MAL. Une fois encore, un contrôle complémentaire de sites industriels à risque par des autorités européennes apparaît plus que nécessaire, car les nouveaux pays membres encourent les mêmes risques. »

Michèle Rivasi avertit aussi la France : « A Gardanne (13), nous avons aussi une entreprise qui stocke des déchets issus de la production d’aluminium. Heureusement, contrairement à MAL cette entreprise extrait la soude des boues à la fin du processus, ce qui permet de réduire leur toxicité. Mais j’irai moi-même sur place ce vendredi* pour inspecter la sécurité de cette installation potentiellement dangereuse. »

Sandrine Bélier, eurodéputée Europe Écologie, membre de la commission Environnement, déclare : « A la veille du sommet de l’ONU sur la biodiversité à Nagoya qui a débuté cette semaine,(Japon) cette catastrophe écologique en Hongrie sonne comme un avertissement à l’ensemble des pays qui sont entrés en négociation. L’Union européenne doit se prononcer pour une expertise d’urgence, une inspection de sécurité de l’ensemble des installations industrielles du même type présentes sur le territoire européen et soutenir la Hongrie et les pays du Danube dans la mise en oeuvre de règles de sécurité et d’alertes sanitaires de protection. A plus long terme, les politiques européennes doivent anticiper et prévenir ce type de catastrophe en légiférant collectivement pour des règles de sécurité, de responsabilité, de protection et de remise en état. La Directive cadre Sols, bloquée par quelques Etats (dont la France), préviendrait les accidents industriels et faciliterait la réaction communautaire. »

Sandrine Bélier ajoute : « D’autre part, nous appelons au respect des dispositions de la Convention internationale dite convention d’Aarhus sur l’accès à l’information en matière d’environnement, afin que les associations de protection de l’environnement puissent jouer leur rôle de sentinelles en toute connaissance de cause. Il est primordial de respecter la transparence dans ce type de catastrophe pour garantir une sécurité et une prévention maximale. Cette catastrophe est le triste symbole d’un modèle de développement en fin de course qui privilégie le profit à court terme au mépris de la santé des êtres humains, de la protection de nos écosystèmes, des eaux et des sols. La meilleure prévention qui soit, reste de repenser notre mode de consommation et de production pour insuffler un nouveau modèle de développement.

* Michèle Rivasi se rendra vendredi 22 octobre de 14h30 à 18h, à Gardanne, sur le site de l’usine de bauxite.

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