Hongrie : les libertés et l’Etat de droit en danger
LMP propose une troisième voie politique aux citoyens hongrois, pour ne pas avoir à choisir entre la gauche post-communiste, complétement discréditée par des scandales de corruption, et une droite qui a tourné le dos au libéralisme de ses débuts pour devenir un parti conservateur et autoritaire qui flirte avec l’extrême-droite. Cette dernière est en effet forte en Hongrie avec le Jobbik, un parti violemment xénophobe, antisémite et anti-Roms qui a pourtant réussi à obtenir 47 sièges de députés. Dans ce paysage politique compliqué, LMP représente donc un espoir pour ceux qui veulent une Hongrie ouverte, démocratique, pro-européenne et écologiste. Le succès de la conférence publique inaugurale sur l’état de la démocratie en Hongrie (plus de 600 participants) démontre en tout cas l’attractivité de ce nouveau parti fondé le 26 février 2009 et membre observateur du parti Vert européen.
Daniel Cohn-Bendit « a fait un rêve » la veille de cette conférence; celui de voir le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, venir y assister afin de poursuivre leur échange sur la loi hongroise sur les médias entamé à Strasbourg deux mois plus tôt.
par EurodeputesEE
Viktor Orban ne viendra pas mais il a envoyé un sms au co-président du groupe des Verts européens lui assurant qu’il suivra le débat sur Internet. Alors Daniel Cohn-Bendit décide de s’adresser à ce « cher Viktor » pour lui rappeler que la liberté de la presse est un fondement incontournable d’un système démocratique. L’un des leitmotiv de cette loi est que les médias doivent fournir des informations « équilibrées » et que ceci sera contrôlé par une Commission dominée par le parti au pouvoir. Mais la liberté de la presse ne peut supporter que le caractère équilibré des informations soient contrôlées par le pouvoir politique ! Le co-président des Verts européens a donc appelé de nouveau ce « cher Viktor » à abroger cette loi, les modifications négociées avec la Commission européenne n’étant pas suffisantes.
Concernant le projet de réforme de la Constitution, l’évolution est là aussi extrêmement inquiétante. Miklós Haraszti, ancien représentant de l’OSCE sur la liberté des médias a affirmé que la logique de ce texte est un retour à mars 1944 (date à laquelle les nazis ont envahi la Hongrie et y ont installé le gouvernement fasciste des Croix fléchées) et tourne le dos à 1989 : le Préambule stipule que « La Constitution s’inscrit dans la continuité de la Sainte-Couronne » et fait mention de l’« histoire millénaire » de la Hongrie et du « rôle du christianisme ». De nombreuses références religieuses jalonnent le texte qui interdit par ailleurs l’avortement et le mariage homosexuel.
Par ailleurs, de nombreuses dispositions liberticides sont comprises dans ce texte dont la logique est claire : concentrer les pouvoirs dans les mains du parti vainqueur des élections et affaiblir les contre-pouvoirs comme la cour constitutionnelle (dont les compétences sont réduites aux seules questions budgétaires et dont le président sera élu pour 12 ans par le Parlement), les modalités de démocratie directe (un référendum national ne pourra plus porter sur des questions constitutionnelles) ou le Parlement (qui pourra être dissous s’il ne vote pas le budget en temps voulu). Seul le parti d’Orban, le Fidesz, a tenu la plume de ce projet de texte, tous les autres partis s’étant désengagés de ce processus déséquilibré.
Cet événement aura en tout cas permis de montrer que la résistance à la dérive autoritaire de Viktor Orban, en qui Daniel Cohn-Bendit voit un futur « Chavez européen », s’organise, notamment autour des écologistes du LMP.