L’exploitation du gaz de schiste débattue au Parlement européen
par EurodeputesEE
L’enjeu énergétique du gaz de schiste est faramineux : alors que les gaz conventionnels se raréfient, les poches contenant du gaz de schiste – plus profondes, plus difficilement accessibles – sont présentes dans les sous-sols d’un bout à l’autre de la planète. Pour les écologistes, cette orientation, qui permettrait à l’Union européenne d’acquérir son indépendance énergétique et remettrait en cause la suprématie de la Russie et des pays du Golfe en matière d’hydrocarbures, est tout bonnement catastrophique. L’Union européenne doit enclencher sa transition vers une économie sobre en carbone et développer les énergies renouvelables. L’éolien ou le solaire sont des secteurs d’avenir qui garantissent la protection de l’environnement et la création de nouveaux emplois verts. La ruée au gaz de schiste risque de compromettre les projets de l’Union européenne en matière climatique et environnemental.
Une « option » intéressante selon la Commission
Cette semaine, à Strasbourg, le commissaire européen en charge de l’énergie, Gunther Oettinger, a estimé que le gaz de schiste était une ressource complémentaire intéressante pour le mix énergétique européen. La position de la Commission est donc globalement favorable à son exploitation en Europe, mais elle est nuancée. Pour Oettinger, c’est un projet à long terme : il faudra au moins trois à cinq ans pour analyser le potentiel européen et les technologies nécessaires. La feuille de route « Énergie 2050 », qui sera publiée à l’automne 2011, devrait néanmoins inclure une évaluation du coût et de l’impact économique du gaz de schiste dans l’Union européenne. Oettinger a également évoqué « l’acceptabilité sociale » comme un critère majeur du développement du gaz de schiste.
par EurodeputesEE
Que peut faire l’Union européenne ? La Commission a annoncé son intention de diligenter une étude sur l’aspect légal de la prospection et de l’exploitation du gaz de schiste par rapport à la législation européenne, afin de décider si un nouveau cadre législatif est nécessaire. « Les Etats membres restent maîtres de leur destin énergétique », a ré-affirmé le commissaire. Pour les écologistes, ils doivent aussi et surtout respecter les législations existantes sur l’environnement et l’eau. Michèle Rivasi, eurodéputée EELV, n’a pas manqué de le rappeler : « La Convention d’Aarhus, sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement, la directive-cadre sur les eaux souterraines et la directive sur l’air devront être rigoureusement appliquées pour éviter toute catastrophe. » Face aux écologistes, pas moins de 18 députés majoritairement polonais (la Pologne est très enthousiaste face à ce qu’elle considère comme un nouvel eldorado) ont largement soutenu l’extraction du gaz de schiste en opposant deux arguments majeurs : des prix moins chers à la consommation pour les usagers et l’indépendance énergétique de l’UE.
Le débat va se poursuivre au sein du Parlement européen : les eurodéputés écologistes ont demandé à la commission Environnement – dans laquelle siègent Michèle Rivasi et Sandrine Bélier – de commander une étude sur les impacts de l’extraction des gaz et huiles de schiste sur l’environnement et la santé humaine.
« Un véritable débat public sur nos choix énergétiques doit avoir lieu ».
Michèle Rivasi et José Bové à Villeneuve-de-Berg, le 26 février 2011.