Michèle Rivasi : « Une réaction disproportionnée de l’UE face à la grippe H1N1 »
Votre rapport qualifie la réponse européenne à la pandémie de grippe A(H1N1) de « disproportionnée ». Ne vaut-il pas cependant mieux pécher par excès de confiance ?
La grippe A(H1N1) a causé 2 900 morts en Europe jusqu’à la fin avril 2010 [chiffres du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, ndlr]. Ces chiffres sont faibles en comparaison de la mortalité liée à la grippe saisonnière, de 40 000 à 220 000 morts par an selon les années. La gravité modérée de la grippe A(H1N1) a été reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en mai 2009. Un mois plus tard, elle émettait une alerte maximale contre la pandémie – basée sur la capacité du virus à se propager et non sur sa gravité.
par EurodeputesEE
Le niveau d’alerte maximal a déclenché une série de mesure en Europe, en particulier de très chères campagnes de vaccination dans de nombreux Etats-membres. Par exemple, les coûts sont estimés à 1,3 milliard d’euros au Royaume-Uni et entre 700 et 760 millions d’euros en France. En comparaison, la grippe saisonnière coûte 87 millions d’euros par an en France. La dépense de milliards d’euros pour acheter des vaccins semble tout à fait disproportionnée vue la gravité actuelle et connue de la grippe A (H1N1).
Que faut-il retenir de cette expérience ?
Notre évaluation de la gestion de la grippe A(H1N1) montre qu’il faut plus de coopération, plus d’indépendance et plus de transparence. Nous avons demandé que les futurs plans de prévention de la grippe soient revus et rendus suffisamment autonomes et flexibles. La définition même d’une pandémie doit être revue pour inclure la notion de gravité. Nous soutenons l’achat groupé de vaccins mais ce sont les fabricants qui doivent rester responsables de leur qualité, leur sécurité et leur efficacité. Les études sur les vaccins et les traitements antiviraux doivent être menées en toute indépendance des compagnies pharmaceutiques. Il faut une transparence intégrale sur l’évaluation des médicaments utilisés pour les urgences sanitaires. Toutes les déclarations d’intérêts des experts en charge de l’évaluation doivent être rendues publiques.
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