Pour le climat, une législation a minima
Le 22 juin, le Parlement européen a finalement adopté les premiers textes du paquet Ajustement à l’objectif 55, en anglais Fit For 55, qui contient les textes de mise en œuvre de la loi Climat européenne. Après des négociations tendues, nous avons pu préserver l’essentiel, malgré les manœuvres de la droite et du groupe Renew Europe (où siègent les élu·e·s LREM) contre toute action ambitieuse.
Comme nous vous l’expliquions ici, il y a deux semaines, nous avions rejeté, avec les socialistes, le texte en plénière car il avait été complètement détricoté par l’alliance des conservateurs et des libéraux, dont LREM. Mais nous n’avons rien lâché. Pendant les deux dernières semaines, avec le groupe Verts/ALE, nous avons réussi à instaurer un rapport de force qui a contraint la droite à aller plus loin que ses positions initiales. Pour autant, les ambitions ne sont toujours pas à la hauteur.
Alors que nous battons des records de température pratiquement quotidiennement, que des inondations dramatiques tuent au Bangladesh et en Inde, que des forêts brûlent en Alaska, ce paquet “Fit For 55” ne va pas assez loin pour respecter l’Accord de Paris qui demandait de tout mettre en œuvre pour contenir l’augmentation de la température moyenne mondiale sous les 1,5°C. En effet, pour le respecter, nous devrions viser une baisse de 65% des émissions d’ici 2030, et non de 55% comme inscrit dans la loi Climat européenne, et ce paquet aurait dû nous permettre d’aller plus vite et plus loin et non freiner l’ambition.
Il y a deux ans, le Parlement européen avait déclaré l’urgence climatique, ce paquet aurait dû être le début de la bataille pour répondre à cette urgence. Ça n’est malheureusement pas le cas. Les compromis obtenus sont encore trop faibles : 63% de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie, contre les 67% que nous défendions, la fin des quotas carbone gratuits en 2032, ce qui est bien trop tard, et le report de l’entrée en vigueur du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Ce Mécanisme est une forme de “protectionisme vert”. Alors que les importations n’ont cessé de croître, conséquence directe de la désindustrialisation de l’Union européenne, il permettra de protéger nos industries contre le dumping environnemental et de contribuer à réindustrialiser l’Europe, tout en engageant nos industries sur la voie de la décarbonation en supprimant les quotas gratuits qui sont synonymes d’inaction climatique et de gabegie d’argent public.
Nous avons voté pour ce paquet car nous savons que le Parlement européen n’est pas prêt à aller plus loin, mais il ne doit être qu’une étape intermédiaire qui nous permettra de faire plus pour le climat, mais aussi pour les générations futures et pour l’industrie. Nous avons également voté pour car il contient un Fonds social pour le climat, fonds que nous appelions de nos vœux depuis longtemps car celles et ceux qui sont le plus impacté·e·s par le dérèglement climatique sont les plus précaires. C’est la première fois que des fonds européens seront utilisés directement pour sortir les ménages les plus vulnérables de la précarité énergétique et de mobilité. Il n’y a pas de justice climatique sans justice sociale et ce fonds, avec le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, pour lequel nous militons depuis longtemps, nous permet de passer d’une réalité du pollué-payeur à l’application du principe pollueur-payeur.
Maintenant, ces textes vont partir en “trilogue”, c’est-à-dire qu’ils vont être négociés entre le Parlement, le Conseil et la Commission européenne. Le Pacte vert n’est pas aligné sur les recommandations scientifiques pour tenter de juguler le dérèglement climatique. Nous n’aurons donc de cesse de travailler à mettre l’Union européenne sur cette voie et nous ferons campagne lors de ces négociations pour une véritable révolution climatique et énergétique et la fin de la dépendance au charbon, au pétrole et au gaz.
Pour le climat et pour la justice sociale, nous continuerons à nous battre pour aller plus loin.
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