Travail forcé en Ouzbékistan : nous devons tisser d’autres liens avec les pays producteurs de matières textiles

La dernière émission de Cash Investigation s’intéressait aux conditions de production du textile que nous importons en Europe. L’enquête révélait que l’Ouzbékistan réquisitionnait chaque année des centaines de milliers de fonctionnaires pour récolter le coton, un business lucratif qui alimente une caisse opaque (le pays est classé  156ème sur 176 dans la lutte contre la corruption), avec la caution d’une Union européenne trop laxiste quant au respect de ses valeurs fondamentales.

Comme le rappelle Cash Investigation, le Parlement européen avait voté le 14 décembre 2016 une résolution pour normaliser le commerce de cette matière première avec ce pays. Pourtant en 2011, le Parlement européen avait voté contre la conclusion d’un tel accord considérant que le travail forcé des enfants n’était pas suffisamment combattu par les autorités du pays.

Cinq ans plus tard, la majorité du Parlement européen a finalement décidé de soutenir la conclusion de cet accord, prétextant que le pays avait progressé dans la lutte contre le travail des enfants, tout en acceptant qu’il n’en était malheureusement pas de même concernant le travail forcé. Si l’Organisation Internationale du Travail (OIT) affirmait alors que le travail des enfants était devenu sporadique, elle relevait toujours plusieurs indicateurs de travail forcé liés aux conditions de travail abusives et au processus de recrutement. Mais quelle est donc la logique qui a poussé la majorité du Parlement européen à soutenir cet accord ? L’Ouzbékistan aurait fait des efforts, et ils devaient être récompensés pour que nous restions dans une coopération qui était censée pousser le pays à améliorer encore un peu plus le respect des droits humains.

En tant qu’écologistes, nous avions voté contre cet accord car nous ne pouvions apporter une telle caution au travail forcé, mais nous n’avions alors pas été suffisamment entendus. Il est aujourd’hui absolument nécessaire que les règles du commerce mondial soient revues pour empêcher que les multinationales tout comme les États profitent d’un manque de transparence pour continuer à porter atteinte aux droits humains, aux droits sociaux et à l’environnement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous soutenons l’appel international de parlementaires pour un traité contraignant sur les entreprises multinationales et les droits humains.

Beaucoup trop d’entreprises profitent de la dérégulation du commerce mondial pour diluer leur responsabilité dans la chaîne d’approvisionnement : nous devons mettre un terme à cette impunité et les rendre responsables juridiquement. Nous savons que nous devons et pourrons compter sur les lanceurs d’alerte et les journalistes d’investigation qui sensibilisent l’opinion publique et font éclater ces scandales…qui doivent être suivis d’effets  politiques !


Ci-dessous le détail des votes des eurodéputés français à l’occasion du vote de la résolution scandaleuse du 14 décembre 2016

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