Une atteinte inacceptable à la liberté de la presse 

Communiqué de la délégation Europe Écologie au Parlement européen et du groupe Ecologie solidarité et territoires au Sénat suite à la perquisition chez la journaliste Ariane Lavrilleux et la mise en garde à vue de celle-ci.

Mardi 19 septembre, la journaliste Ariane Lavrilleux a vu son domicile perquisitionné et a été placée en garde à vue par des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Ariane Lavrilleux avait, avec les journalistes d’investigation de Disclose, publié des informations sur la complicité de la France dans des assassinats ciblés en Égypte dans la série d’enquête “Egypt papers”.

Ce n’est pas la première fois que la DGSI s’attaque à des journalistes dans le but de les obliger à divulguer leurs sources. Ce n’est pas non plus la première fois que la DGSI s’attaque à des journalistes du média Disclose, dont les enquêtes portent sur des sujets d’intérêt public évident et qui dérangent l’exécutif.

La garde à vue de Mme Lavrilleux doit immédiatement cesser car elle vise à violer le secret des sources. La perquisition de son domicile et sa garde à vue sont des atteintes inacceptables à l’État de droit. Nous rappelons que, selon la Cour européenne des droits de l’Homme, « la protection des sources journalistiques est l’une des pierres angulaires de la liberté de la presse ».

En tant qu’écologistes et en tant qu’élu·e·s français·es attaché·e·s à la liberté d’informer et d’être informé.e, nous dénonçons les violations des droits de Madame Lavrilleux et les atteintes à la liberté de la presse qui ont été commises aujourd’hui. Seule une presse libre est garante de nos libertés et du contrôle de l’action du gouvernement.

Cette nouvelle atteinte à la liberté de la presse intervient dans un contexte politique de plus en plus délétère, alors que, dans le cadre des négociations de la nouvelle législation européenne sur la liberté des médias (EMFA), le gouvernement français pousse activement à affaiblir le principe général d’interdiction de déployer des logiciels espions contre les journalistes sous prétexte de sécurité nationale

Les révélations faites dans le cadre des “Egypt Papers” (connus aussi sous le nom d’affaire de l’opération Sirli) sont d’intérêt public. Cette enquête a informé les Françaises et les Français du détournement par l’Egypte d’informations fournies par l’Opération militaire française Sirli, pour la lutte contre le terrorisme au profit d’exécutions sommaires de simples contrebandiers. En totale violation des droits humains et du Statut de Rome, et ce au su de nombreux responsables ministériels et gouvernementaux français, qui ont laissé ce détournement persister pendant des années.

Disclose ayant révélé des complicités françaises au plus haut de l’État, nous écologistes avions appelé à la constitution d’une commission d’enquête et avions demandé au Procureur de la Cour de justice de la République de se saisir d’office de l’affaire. Nous soutenons la plainte déposée par Egyptians Abroad for Democracy et Code Pink pour crime contre l’humanité, complicité de crime contre l’humanité et torture auprès du pôle crimes contre l’humanité du parquet national antiterroriste (PNAT) de Paris concernant cette affaire.

Aucune de ces demandes et de ces plaintes n’a abouti à ce jour. L’enquête interne voulue par l’ancienne ministre de la Défense Florence Parly a conclu “que la mission [avait] fait l’objet d’un cadrage clair”, faisant fi de la transparence et obstruant toute enquête sur la commission de violations des droits humains et de complicité pour crimes internationaux.

Attaquer les journalistes et le secret des sources tout en obstruant la justice sur la complicité de responsables français pour des violations graves des droits humains est inacceptable.

La République ne peut tolérer aucune intimidation des journalistes. Nous appelons le gouvernement français et la DGSI à respecter la liberté de la presse et le secret des sources.

Mounir Satouri, député européen et rapporteur du Parlement européen sur l’Égypte ; David Cormand et Gwendoline Delbos-Corfield député·e·s européen·ne·s, pour la délégation Europe Écologie au Parlement européen

Guy Bénarroche, Monique De Marco et Guillaume Gontard, pour le Groupe écologie solidarité territoires au Sénat

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