Grèce : accueillir ensemble les réfugiés ou perdre notre humanité

Le président turc Erdogan a décidé de mettre à exécution son chantage aux refugié·e·s dans le but de contraindre toujours plus les États membres de l’UE à suivre ses désidératas. Réaction des co-Président·e·s de la délégation écologiste au Parlement européen, Michèle RIVASI et David CORMAND, aux côtés de Damien CARÊME, porte-parole de la délégation sur les questions migratoires.

« Nous avons abandonné tout ce qui faisait la dignité d’être Européen·ne. L’humanité et le respect des droits humains qui devraient guider l’action de notre continent ont désormais quitté le processus de décision des chef·fe·s de gouvernements européens. Alors que la Grèce, comme l’Italie et l’Espagne, sont soumis à des tensions migratoires liées aux conflits à nos frontières, l’Europe s’est rendue coupable d’externalisation de la gestion des malheurs dont nous sommes en partie responsables. Et elle a perdu la main sur ce qu’elle avait la responsabilité de gérer. Mais loin des yeux, les problèmes n’en disparaissent pas pour autant et deviennent un crève-cœur.

Nous dénonçons la création d’une Europe forteresse depuis longtemps et force de constater que ce que nous craignions est arrivé. Alors que les images de répression en mer comme sur terre nous font vivre des heures sombres, l’Union européenne doit rester le phare qui guide les chercheur·euse·s de refuge : quelle personnalité politique sensée serait capable de dire aux Syrien·ne·s, Irakien·ne·s, Erythréen·ne·s ou Afghan·ne·s que la situation dans leur pays ne justifie pas leur accueil ? Aucune, et bien d’autres pays accueillent une part de réfugié·e·s bien plus importante que les États membres de l’UE, avec une capacité d’accueil bien plus réduite.

L’inaction coupable des pays européens en Syrie, couplée à l’accord mortifère que les États membres de l’UE ont signé avec la Turquie, nous met dans une impasse. Alors que nous avons perdu notre honneur lorsque nos gouvernements ont lâchement abandonné nos allié·e·s kurdes, nous pouvons retrouver notre humanité en partageant avec la Grèce et ses citoyen·ne·s la responsabilité qu’elle assume seule, malgré elle. L’idée même du projet européen est solidaire, pas solitaire : sans cela, l’UE n’aura plus de raison d’être et les xénophobes auront le champ libre pour déchainer toute leur haine contre les victimes de notre inaction. Cette double-peine condamnerait définitivement le projet européen. »

Partager cet article

7 commentaires

  • Sol dit:
     - 

    Au lieu de donner des budgets énormes à la Turquie qui instrumentalise les migrants-tes. Glissons ces budgets vers la Grèce qui n’aura pas les mêmes réflexes, le temps d’organiser plus largement la solidarité vers tous les territoires volontaires de l’UE.

  • martin dit:
     - 

    L’Europe de la paix devient une Europe embourgeoisée et lâche,mais son mode de gouvernance actuel l’explique. L’Europe a besoin de réformes profondes pour assurer un avenir humain.

  • Antoine dit:
     - 

    On va accueillir 4 millions de migrants du coup?
    Si l’afd fait +15% par million, je vous laisse fare le calcul..

  • LEVY Gérard dit:
     - 

    L’Europe devrait avoir un plan d’action sur les risques majeurs (catastrophes humanitaires, séisme, inondations, canicules, feux, etc.), doté de moyens humains et matériels consistants (1% du budget européen).
    Plutôt que de poursuivre l’augmentation des crédits militaires (horizon 2% du PIB demandé par l’OTAN), mieux vaut orienter ce budget vers l’equipement de la protection civile par des bateaux hôpitaux (réquisition si nécessaire des paquebots croisières), des bombardiers d’eau, etc, etc…
    La prévention des risques majeurs oblige à agir en amont et non pas attendre que la crise arrive avec toute l’impréparation et les conséquences humaines et environnementales des plus dommageables.
    Encore un effort pour nos euro députés, nos gouvernements….vers cette politique de prévention des risques majeurs…

  • Smesny dit:
     - 

    Nous devons ensemble accueillir ces réfugiés au lieu d’investir dans la consolidation des frontières ou aider financièrement des pays externes, des dictatures en général, qui les traitent pire que des animaux. Insupportable la façon dont la France et l’Europe traitent ce problème . Inhumain.
    Ayant vécu en Afrique et voyagé, là bas nous sommes reçus même dans les campagnes les plus reculées comme des rois et ici les réfugiés sont traités comme des criminels (centres de rétention, traitement des forces de l’ordre, réactions racistes ). Révoltant !

  • maite dit:
     - 

    Qu’attendez-vous Europeens pour partager le fardeau. Gardez votre fric et vos bonnes paroles, mettez-vous au travail.
    Soulagez la Grece.

  • Lecrenier dit:
     - 

    L’Union Européenne compte 446 MILLIONS d’habitants. 4 millions de réfugiés (si c’est vraisemblable) , cela ferait 1 pour 100 habitants.
    400.000, cela ferait 1 pour 1000 habitants.
    Invivable???