Paquet énergie/climat

Un paquet ressemblant à une liste au père Noël de l’industrie gazière

Ce mercredi 15 décembre, la Commission européenne a présenté son paquet législatif sur la politique énergétique européenne.
Avec ces propositions, la Commission européenne entend mettre en œuvre le Pacte vert et atteindre l’objectif du paquet climatique de l’Union européenne « Fit for 55 », à savoir réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990. D’ici 2050, l’Union européenne devrait être le premier continent climatiquement neutre.

Parmi les mesures proposées, on trouve des propositions pour la décarbonation du marché européen du gaz, la création d’un marché de l’hydrogène, un règlement visant à réduire les émissions de méthane et la révision de la directive sur la performance énergétique des bâtiments.
La proposition de la Commission nécessitera d’être retravaillée par le Parlement européen pour être à la hauteur des défis liés au changement climatique. Les députés du groupe Verts/ALE s’investiront particulièrement sur ces dossiers.

Marie Toussaint, membre de la commission de l’Industrie, de la recherche et de l’énergie (ITRE) et membre suppléante de la commission de l’Environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI), commente :

« Ce paquet gazier ressemble à une liste au père Noël en provenance de l’industrie gazière ! Les propositions restent bien en deçà des objectifs du Pacte vert et de la COP26.
La responsabilité de l’Union, c’est de planifier la sortie du gaz, pas d’en prolonger et faciliter la durée de vie. Pour sauver le climat, pour adoucir les factures des Européennes et des Européens, pour réduire notre dépendance à la Russie et à d’autres États tiers. Plutôt que de faire cela, la Commission tourne le dos à l’efficacité énergétique et continue de miser sur les projets gaziers. Ceci n’est guère étonnant : sans réforme profonde de la gouvernance des infrastructures énergétiques en Europe, les lobbys du gaz continueront de pousser pour construire de nouveaux projets coûteux, inutiles et climaticides, dans lesquels il faudra faire circuler de plus en plus de gaz. Nous insisterons pour une gouvernance plus inclusive et transparente.
Enfin, il faut assurer un soutien aux ménages les plus précaires pour une énergie au juste prix. Cela passe par des dispositifs de soutien, mais aussi par un accroissement de la part des renouvelables – moins chères – dans notre mix énergétique.
Nous demandons également l’arrêt du gazoduc Nord Stream 2, la fin des investissements dans les infrastructures fossiles, l’abandon le plus rapide possible du charbon, du pétrole et des gaz fossiles ainsi que la réorientation des investissements vers les économies d’énergie et les énergies renouvelables. »

 

Damien Carême, membre de la commission de l’Industrie, de la recherche et de l’énergie (ITRE) :

« La Commission européenne réussit l’exploit de continuer à promouvoir massivement l’utilisation du gaz dans son paquet de propositions de décarbonation ! Ce n’est plus possible de s’entêter ainsi à parier sur les gaz décarbonés et sur des technologies peu sûres comme la captation de carbone alors que nous connaissons la seule solution pour atteindre la neutralité climatique en 2050 : les énergies renouvelables.
Avec la volonté politique et les bonnes mesures, la transition vers le 100% renouvelable est tout à fait possible. L’Union européenne doit, pour cela, se doter d’objectifs, de mesures et d’échéances clairs. La Commission doit fixer des règles contraignantes pour réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre.
Comme nous l’avons défendu lors des discussions sur la stratégie hydrogène, l’hydrogène décarboné ou produit à partir d’électricité nucléaire n’a pas sa place dans la politique énergétique européenne. Seul l’hydrogène produit à partir d’électricité renouvelable doit jouer un rôle dans la décarbonation de nos économies, utilisé dans les secteurs prioritaires, notamment les industries à forte consommation d’énergie, et sans être mélangé à des gaz fossiles. Ce qui est parfois présenté comme une nécessité technique est surtout une ultime manœuvre du lobby gazier de perpétuer notre dépendance au gaz.
Il est également urgent de réduire de 45 % d’ici à la fin de la décennie les émissions de méthane, un gaz à effet de serre nocif, qui joue un rôle central dans le réchauffement de la planète. Nous avons les possibilités techniques de réaliser d’importantes économies en matière d’émissions de méthane, il faut les mettre en œuvre rapidement. Des objectifs de réduction contraignants pour les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre doivent être mis en place : l’agriculture, les déchets, le secteur énergétique et l’industrie pétrochimique.
Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, nous devrons également réduire notre consommation d’énergie, tout particulièrement dans les secteurs les plus émetteurs comme le bâtiment. Cela passe notamment par une meilleure performance énergétique des parcs immobiliers, qui pourraient ainsi passer du statut de plus gros consommateur d’énergie de l’Union européenne à celui d’économiseur d’énergie. Les États membres doivent revoir à la hausse leurs ambitions concernant la vague de rénovation et la remise en état des bâtiments et à rendre ces derniers plus écologiques. On a tout à gagner à poser les bases de futurs bâtiments performants : on s’attaque à la fois à la précarité énergétique et aux émissions de carbone de nos bâtiments, aux problèmes de fin de mois et aux problèmes de fin du monde. »

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