Une loi climat ambitieuse pour l’Union européenne
L’Union européenne est sur le point d’adopter la première « loi Climat » de son histoire, mais, dans les détails, cette loi est ne va vraiment pas assez loin. Nos explications.
Pour atténuer les conséquences du dérèglement climatique dans le peu de temps qu’il nous reste, nous devons prendre des mesures ambitieuses, basées sur les mesures que les scientifiques jugent nécessaire de prendre pour faire face à la crise climatique. Nous avons besoin d’objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre juridiquement contraignants, d’un organisme de contrôle indépendant pour vérifier que les mesures pour lutter contre le dérèglement climatique sont effectivement mises en place et de financements adéquats.
L’Union européenne est sur le point d’adopter la première « loi Climat » de son histoire, mais, dans les détails, cette loi est ne va vraiment pas assez loin.
En bref :
Après que le Parlement européen a déclaré l’urgence climatique le 28 novembre 2019, la Commission européenne a présenté un projet de « loi Climat ». Ce projet était si insuffisant que Greta Thunberg et les jeunes activistes pour le climat ont dit que c’était une forme de « capitulation ».
Nous avons réussi à pousser le Parlement européen à adopter une position bien plus ambitieuse, avec des objectifs climatiques plus élevés et des instruments climatiques et des financements plus solides.
Malheureusement, dans les dernières négociations avec le Conseil, les gouvernements des États membres ont empêché tout progrès. Nous pensons que les chef·fe·s d’État et de gouvernement doivent écouter les parlementaires que les citoyennes et les citoyens ont élu·e·s pour les représenter au Parlement européen, les scientifiques et les activistes et prendre des décisions ambitieuses pour protéger notre planète.
Ce que nous voulons
Le groupe Verts/ALE défendait un objectif de réduction des émissions de 65%. Malheureusement, au Parlement européen, il n’a été possible de dégager une majorité que pour 60% de réduction. Ça n’est pas suffisant, mais c’est, malgré tout, bien mieux que la position des gouvernements des États membres de l’Union européenne qui veulent en rester à une réduction de 55% seulement. Et, en plus, ça n’est pas vraiment 55%, à cause de subterfuges comptables.
Les engagements des États ne sont pas suffisants pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. L’Union européenne doit décider d’objectifs de réduction des émissions bien plus ambitieux. En Allemagne, la Cour constitutionnelle a déclaré, il y a peu, que les promesses du gouvernement de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% (comme la loi européenne) étaient une violation des droits et des libertés des jeunes qui l’avaient saisie car ces promesses faisaient prendre du retard par rapport aux mesures qui doivent réellement être prises pour respecter l’Accord de Paris.
Nous avons, plus que jamais, besoin d’une politique suffisamment ambitieuse pour lutter contre le dérèglement climatique. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place un système qui évalue les progrès que nous faisons pour sauver notre planète et contrôle nos efforts dans les années à venir. Un foyer ou un État a besoin d’un plan budgétaire réévalué mois après mois, année après année. Il en va de même pour notre niveau d’émission de gaz à effet de serre. Sinon, tous les engagements ne resteront qu’à l’état de promesses. C’est pourquoi nous voulons que soit mis en place un « budget gaz à effet de serre ».
Nous avons aussi besoin d’une commission scientifique indépendante, un « Conseil climatique européen », pour veiller à ce que l’Union européenne progresse réellement vers la neutralité climatique, pour évaluer si nous respectons nos engagements quant à la réduction de nos émissions et pour contrôler le budget gaz à effet de serre de l’Union européenne. Ce Conseil climatique européen devra évaluer les politiques climatiques et déterminer quel seraient les dégâts sur le climat si nous ne prenons pas des mesures ambitieuses à temps.
Nos cinq demandes-clefs
- Un objectif climatique de réduction d’au moins 60% de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 – sans subterfuges comptables !
- Un budget gaz à effet de serre européen qui permette de savoir combien de gaz à effet de serre nous pouvons encore émettre pour tenir l’objectif d’une augmentation des températures de 1,5°C maximum. Cette analyse servira à calculer les objectifs climatiques à tenir à l’avenir, comme l’objectif à atteindre en 2040.
- Un conseil climatique européen indépendant qui surveille si l’Union européenne tient bien ses engagements pour le climat.
- L’interdiction de financer des projets basés sur les énergies fossiles avec de l’argent public afin que les industries polluantes ne soient plus majoritaires et que les solutions propres puissent stimuler l’économie et améliorer la vie des gens.
- La reconnaissance du droit de chacune et chacun de vivre sur une planète en bonne santé et de poursuivre les gouvernements (et l’Union européenne) s’ils venaient à ne pas respecter ce droit.
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