Plénière – semaine du 18 au 21 janvier 2021
Cette semaine, le Parlement européen était réuni en plénière avec en point d’orgue le rapport de notre collègue Caroline Roose « Plus de poissons dans les mers ».
Retour sur ces quatre jours de débats.
Lundi 18 Janvier 2021
Le premier débat de cette session plénière portait sur un rapport sur le mandat d’arrêt européen.
Ce rapport aurait dû être une évaluation de sa mise en œuvre, ce qui aurait été vraiment intéressant. Malheureusement, il sert surtout à tenter de modifier les règles pour satisfaire certains besoins nationaux.
Pour les écologistes, deux points étaient particulièrement problématiques : la mise en place d’une demande d’extradition pour « atteinte à l’intégrité constitutionnelle » qui est un concept beaucoup trop flou et l’acceptation automatique de la demande d’extradition. En effet, nous considérons que chaque État doit pouvoir étudier la demande et décider s’il l’accepte ou non.
Nous avions déposé des amendements pour essayer de faire supprimer ces deux points qui ont malheureusement été rejetés. Nous avons donc voté contre ce rapport.
C’est Gwendoline Delbos-Corfield qui est intervenue pour nous.
« Le bon fonctionnement de ces outils de coopération est basé sur le principe de reconnaissance mutuelle et implique une confiance mutuelle dans les systèmes juridiques des États membres.
Mais la détérioration de l’État de droit et des libertés dans notre Union n’incite plus à la confiance aveugle, et dans certains états l’indépendance de la justice est fragilisée comme en Hongrie, elle est même remise en cause en Pologne. »
La Cour des comptes européenne (CCE) est chargée du contrôle de la gestion financière de l’Union européenne et de ses institutions. La présentation de son rapport annuel pour 2019 aurait dû avoir lieu en novembre, mais elle a été repoussée à cause des complications liées à la COVID-19. Il a donc eu lieu ce lundi.
Pour en savoir plus sur cette Cour, ses missions et son rôle. 👇🏻
Nous avons également débattu d’un rapport sur l’avenir de la libre circulation des services. Rien de surprenant sur ce sujet : les eurodéputé·e·s libéraux/ales et conservateurs/trices ont appelé à une plus grande libéralisation des services dans le marché unique.
De leur côté, les écologistes et les sociaux-démocrates ont souligné l’importance de la durabilité, des droits des consommateurs et des consommatrices et des travailleurs et des travailleuses et de l’exception pour les services d’intérêt public.
2018 était l’année européenne du patrimoine culturel. Plus de 23 000 événements ont été organisés auxquels ont participé 12,8 millions de personnes dans tous les États membres.
Le rapport dont nous avons débattu ce lundi est une feuille de route afin d’obtenir un héritage politique durable pour l’Année européenne du patrimoine culturel.
Plusieurs points étaient importants pour notre groupe :
➡️ l’inclusion du patrimoine culturel des minorités présentes en Europe dans la réflexion ;
➡️ l’importance du patrimoine immatériel, notamment les langues. Nous avons demandé des politiques ambitieuses de revitalisation surtout pour les langues considérées comme menacées de disparition ;
➡️ une attention particulière accordée à l’éducation ;
➡️ le rôle du numérique dans l’inclusion sociale, la création d’emplois, l’accès pour les personnes handicapées ou les personnes vivant en zone rurale ;
➡️ les conséquences des changements climatiques sur le patrimoine ;
➡️ la restitution des biens culturels spoliés et dérobés pendant les guerres.
Sur ce dernier point, nous n’avons pas réussi à trouver un accord avec les autres groupes politiques pour mentionner la colonisation, mais c’est un premier pas dans cette direction.
C’est Salima Yenbou, qui était la rapporteure fictive de notre groupe sur ce rapport, qui est intervenue en séance.
« Nous devons engager ensemble une réflexion profonde sur notre histoire, les mémoires et le passé colonial ainsi que sur notre présent et, surtout, sur l’avenir commun que nous devons construire les uns avec les autres. »
Le gros dossier du jour, c’était le rapport d’initiative de notre collègue Caroline Roose « Plus de poissons dans les mers ». Pour la première fois depuis le début de la mandature, les eurodéputé·e·s ont débattu de la pêche en séance plénière.
Ce rapport s’intéresse à la situation des stocks de poissons dans l’Union européenne. S’il fait état des progrès réalisés depuis plusieurs années, il fait aussi le constat que les objectifs qui étaient fixés par la législation européenne n’ont pas été atteint.
En effet, l’année 2020 devait être celle où le bon état environnemental des mers européennes devait être atteint et où tous les stocks de poissons devaient être exploités à des niveaux durables. Ça n’est malheureusement pas le cas.
La stratégie biodiversité de la Commission prévoit la publication d’un plan pour les ressources marines en 2021 et la Commission prévoit une évaluation de la Politique commune de la pêche (PCP) en 2021-2022. Le but de ce rapport est d’influencer ces deux processus que nous souhaitons influencer. Il peut donc être crucial sur la façon dont la stratégie biodiversité sera mise en œuvre et dont la PCP évoluera dans les années à venir.
Le rapport fait le bilan des mesures mises en place et demande des mesures supplémentaires pour permettre d’atteindre les objectifs fixés le plus rapidement possible, en se concentrant sur celles qui permettront une reconstitution des populations de poisson.
Il insiste sur le fait que cela est nécessaire pour que les pêcheurs et les pêcheuses puissent continuer à pêcher sur le long terme.
Le rapport se divise en trois parties :
➡️ La première concerne les mesures de gestion de pêche et demande l’application complète de la PCP, le renforcement de la couverture scientifique, la mise en place de l’approche écosystémique des pêches, des actions concrètes pour améliorer la sélectivité, la transition vers une pêche à faible impact. Elle demande aussi que la petite pêche, qui est moins destructice, reçoive une part plus importante du quota de pêche. Elle insiste également sur la transparence des décisions européennes liées aux quotas et demande d’étudier la pertinence de nouveaux indicateurs comme le Rendement Maximal Durable (RMD).
➡️ La seconde partie concerne les mesures spatiales à mettre en œuvre et se félicite de la proposition de la commission de couvrir 30% des eaux européennes par des Aires Marines Protégées (AMP). Nous avons perdu en Commission sur ce que cela recouvre réellement et sur le fait d’avoir 10% d’aires hautement protégées, mais nous avons déposé un amendement en plénière sur ce sujet qui est passé ! Le rapport dénonce l’existence de parcs fictifs, qui n’existent que sur le papier et n’ont aucun plan de gestion. Il demande donc que des plans de gestion et des contrôles réels soient mis en place. Il demande également une plus grande implication des pêcheurs et des pêcheuses dans la mise en place et la gestion des AMP ;
➡️ La troisième partie concerne les sources de pollutions qui nuisent à la reconstitution des stocks de poisson et appelle à mieux étudier ces pollutions pour mesurer leur impact.
Caroline Roose a présenté son rapport en plénière.
« Plus de poissons dans les mers, c’est, à la fois, atteindre nos objectifs environnementaux et protéger la biodiversité et permettre aux pêcheurs de continuer à pêcher. »
Mardi 19 Janvier 2021
En juin 2020, la Commission européenne a dévoilé la stratégie de l’Union concernant les vaccins qui avait l’ambition de mutualiser l’achat des vaccins contre la COVID-19 au niveau de l’Union européenne.
Avant même qu’ils existent, la Commission a acheté des doses de vaccins. Payées par les États membres, elles sont ensuite réparties dans ces derniers en fonction de leur nombre d’habitant·e·s pour garantir l’équité. La vaccination, en revanche, repose sur les États membres.
Si nous nous félicitons de la démarche qui prouve que nous sommes plus forts ensemble, nous ne nous satisfaisons pas du manque de transparence quant aux contrats que la Commission a signé avec les fabricants.
Michèle Rivasi, députée européenne Europe écologie (France), Philippe Lamberts, député européen Ecolo (Belgique) et Tilly Metz, députée européenne Déi Gréng (Luxembourg), membres du groupe Verts/ALE sont intervenu·e·s en séance pour demander à la Commission européenne de bâtir la confiance grâce à plus de transparence, un accès égal aux vaccins partout dans le monde et une stratégie vaccinale globale.
Le transport est le secteur qui doit relever les plus grands défis pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre en vue de la neutralité climatique. Les choix de mobilité faits aujourd’hui et leur mise en œuvre auront un impact sur le succès ou l’échec du Pacte Vert.
Nous avons étudié, ce mardi, un rapport d’initiative qui fixe les priorités du Parlement pour la révision législative de l’actuel règlement sur les orientations de l’Union pour le développement du réseau transeuropéen de transport (RTE-T) qui doit être présentée par la Commission d’ici le troisième trimestre 2021.
Beaucoup de nos demandes ont été intégrées, comme la mention des liaisons ferroviaires transfrontalières manquantes, la promotion des solutions d’efficacité énergétique, des carburants propres pour le transport maritime et fluvial, un soutien financier accru pour Eurovélo…
Nous n’avons pu empêcher un paragraphe sur l’importance de l’aviation et notre amendement demandant la suspension du projet Lyon-Turin a été rejeté. Selon la Cour des comptes européenne, l’impact climatique négatif du bâtiment d’infrastructure ne serait pas compensé d’ici 2050.
Nos explications à dérouler. 👇🏻
Ce mardi, le Parlement a débattu avec le Conseil et la Commission des difficultés rencontrées par les États membres pour gérer les flux migratoires. Malgré la baisse continue du nombre d’arrivées depuis le pic de 2015, la crise humanitaire se poursuit aux frontières extérieures de l’Union européenne.
Ces derniers mois, dans le contexte de la pandémie mondiale, la situation des migrant·e·s et des demandeurs et demandeuses d’asile dans les îles Canaries et à la frontière croato-bosniaque s’est ajoutée aux conditions déjà très difficiles dans les îles grecques et au défi permanent de faire débarquer les personnes secourues lors de la traversée de la Méditerranée centrale. Actuellement, à la frontière italienne, de nombreux/euses migrant·e·s tentent d’entrer en France par les Alpes, par des températures très inférieures à zéro.
Le débat de ce mardi intervenait alors que Frontex a dévoilé le 11 janvier le premier uniforme européen ayant jamais existé et que l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) a confirmé le même jour mener une enquête pour « pratiques illégales » et notamment « refoulements illégaux » (après avoir perquisitionné les locaux de l’agence durant le mois de décembre).
En octobre 2020, une enquête conjointe de Bellincat, der Spiegel, Lighthouse Reports, ARD et TV Asahi, montrait comment les garde-côtes de l’agence européenne refoulaient de manière illégale des migrants en mer Égée.
Damien Carême est intervenu pour nous.
« Depuis la chute du mur de Berlin, 1000km de murs ont été érigés pour empêcher les chercheurs de refuge de venir en Europe. Pour isoler plus que pour protéger. Pour détourner le regard plutôt qu’être solidaires. Arrêtons cette fuite en avant. »
Nous avons commencé l’après-midi par une discussion suite à l’arrestation d’Alexeï Navalny à son retour en Russie. Cette arrestation est un affront aux valeurs européennes et une violation des droits fondamentaux. Le Parlement européen a demandé sa libération.
(Photo : ©Vladimir Varfolomeev – Flickr)
L’intelligence artificielle (IA) sera au cœur de nombreux textes législatifs européens de premier plan dans un avenir proche. Nous saluons l’IA comme une opportunité d’innovation et de bénéfice humain et social.
Toutefois, nous devons aller au-delà du battage médiatique général sur l’intelligence artificielle et essayer d’orienter la législation dans des directions concrètes ayant un impact réel sur les citoyen·ne·s et sur la protection de leurs droits, tout en encourageant l’innovation et en apportant des garde-fous.
Le rapport dont nous avons débattu se concentre trop sur l’utilisation militaire de l’IA et envoie un message peu clair sur la question de l’utilisation des Systèmes d’armes létales autonomes (SALA – Lethal Autonomous Weapons Systems – LAWS) qui fonctionnent grâce à l’IA.
Ce rapport est en contradiction complète avec la résolution que le groupe Verts/ALE avait initiée en 2018 qui interdit l’utilisation d’armes totalement autonomes (les fameux « robots tueurs »).
L’autre point problématique de ce rapport est qu’il demande à la Commission d’évaluer l’utilisation de la reconnaissance faciale dans l’espace public. Or, nous, écologistes, sommes en faveur de l’interdiction des technologies de reconnaissance faciale.
Les Traités prévoient l’obligation pour le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de faire un rapport annuel au Parlement sur les principaux choix et décisions dans le domaine de la Politique étrangère et de sécurité de l’Union (PESC).
La commission des affaires étrangères (AFET) y répond par un rapport rédigé par son président. Ce rapport annuel est intéressant puisqu’il touche tous les principaux domaines géographiques et thématiques et permet ainsi de mettre en lumière la position du Parlement.
Nous partageons de nombreux constats contenus dans le rapport :
➡️ un environnement international agressif, isolationniste et une remise en cause général des principes onusiens ;
➡️ une Union européenne aux abonnés absents sur la scène internationale alors qu’elle a tout son rôle à jouer pour renforcer le multilatéralisme et un ordre international basé sur des règles communes et respectées. Cela est dû aux divisions et au long processus de décision. Le rapport demande donc de passer de la règle de l’unanimité à la majorité qualifié pour les votes en commission AFET.
➡️ nous partageons (en partie) le même avis sur des points plus spécifiques (Le Royaume-Uni, la Turquie, les États-Unis, la Chine, mais aussi sur les investissements étrangers, les droits humains, le désarmement et la non-prolifération, la désinformation, les interférences étrangères, etc.).
Malheureusement, nous ne partageons pas certains points cruciaux :
➡️ « l’immigration incontrôlée » est incluse dans une liste de menaces aux côtés du terrorisme et des cyberattaques ;
➡️ le rapport contient de trop nombreuses références aux subventions à l’industrie de la défense ;
➡️ les enjeux sur le continent africain sont totalement négligés.
Comme pour la Politique étrangère et de sécurité de l’Union (PESC), le rapport que nous avons étudié ensuite vise à exprimer la position du Parlement européen suite au rapport de la Commission sur la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC).
La PSDC concerne principalement les 11 missions civiles et 6 missions militaires à l’étranger, qui déploient environ 5 000 personnes, et les processus visant à améliorer la capacité civile et militaire des États membres à mener de telles missions.
Le rapporteur a présenté le meilleur projet de rapport annuel depuis une décennie : équilibré, pro-européen et non militariste.
Notre groupe se satisfait de nombreuses prises de positions :
➡️ renforcer la PSDC civile, le rôle des femmes et des jeunes dans la sécurité et la défense, la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération ;
➡️ une auto-évaluation critique et une réflexion sur l’engagement au Mali, au Sahel et au large de la Libye ;
➡️ faire plus en matière de coopération et de développement des capacités de défense, mais sans gaspiller les ressources budgétaires de l’Union européenne et augmenter les dépenses de défense de tous les États membres ;
➡️ engager un processus menant à la création d’unités militaires multinationales permanentes de l’Union européenne pour le maintien de la paix et la gestion des crises ;
➡️ la nécessité d’un nouveau concept de sécurité et d’assistance militaire aux pays tiers mettant la sécurité humaine au centre, en particulier les besoins de la population locale, en raison des échecs au Mali, au Sahel et probablement en République centrafricaine ;
➡️ un processus bienvenu de discussion et de décision sur les futurs scénarios d’interventions civiles et militaires de l’Union européenne, conformément au traité dans le cadre de la boussole stratégique.
Mais malheureusement, beaucoup de mauvaises formulations ont été déposées par le biais d’amendements, et finalement adoptées. Le pire étant une phrase appelant les 27 États membres à augmenter leurs dépenses de défense et à se fixer un objectif de 2 % du PIB pour l’ensemble de l’Union européenne (tel que demandé par les États-Unis au sein de l’OTAN). Nous avons déposé un amendement de suppression de cette phrase qui a malheureusement été rejeté, nous avons donc voté contre ce rapport.
Le rapport annuel des commissions des affaires étrangères et des droits de l’homme répond au rapport annuel sur les droits humains et la démocratie dans le monde du Service européen pour l’action extérieure (SEAE) et approuvé par le Conseil chaque année au cours du second semestre.
Le Parlement européen saisit cette occasion pour formuler des commentaires et des recommandations sur la politique de l’Union européenne en matière de droits humains dans son ensemble.
Le rapport du Parlement européen est accompagné d’une liste de cas individuels soulevés par le Parlement au cours de l’année de référence. Traditionnellement, chaque groupe s’efforce d’inclure dans le rapport les questions prioritaires qui lui tiennent à cœur (les pays spécifiques ne sont pas inclus) et, après de longues négociations, le résultat final est généralement long et peu ciblé.
Le rapport de cette année (63 pages, 135 paragraphes, 597 amendements) couvre un large éventail de sujets, y compris la pandémie de COVID-19.
Nous sommes satisfaits de son contenu obtenu grâce à une alliance progressiste étroite (Sociaux-démocrates, Renew Europe (où siège LREM), les Verts et la GUE (où siège LFI)) et à l’empreinte marquée de notre groupe (sur les 43 amendements que nous avons déposés, 35 d’entre eux ont été largement incorporés dans les amendements de compromis, tandis que les 8 amendements restants ont été adoptés par des votes séparés).
C’est Salima Yenbou, qui était la rapporteure fictive de notre groupe sur ce rapport, qui est intervenue en séance.
« Bien sûr, ce rapport annuel ne règlera pas, à lui tout seul, les problèmes
et atrocités dénoncées, mais il était important de montrer que nous ne fermons pas les yeux. À vous, maintenant, de faire vivre ce rapport. Utilisez-le dans vos plaidoyers. N’hésitez pas à nous mettre devant nos responsabilités sur la base de ce rapport des droits humains. »
Mercredi 20 Janvier 2021
Mercredi, c’était le jour de l’investiture de Joe Biden. Nous en avons parlé en plénière. C’est Salima Yenbou qui est intervenue.
« Nos démocraties occidentales commettent depuis trop longtemps, l’erreur de sous-estimer les dangers de l’extrême droite. Cet aveuglement doit cesser et l’Union européenne doit engager une profonde réflexion sur ce sujet. »
Le 1er janvier, le Portugal a pris la présidence du Conseil de l’Union européenne. Nous avons débattu de son programme et de ses priorités.
Pour la présidence portugaise, il est essentiel de renforcer la résilience de l’Europe et la confiance des citoyens dans le modèle social européen, en favorisant une Union reposant sur les valeurs communes de solidarité, de convergence et de cohésion.
Son travail s’articulera autour de trois grandes priorités :
➡️ Favoriser la relance européenne appuyée sur les transitions climatique et numérique ; ➡️ Instaurer le socle européen des droits sociaux en tant qu’élément essentiel pour mener à bien une transition climatique et numérique juste et inclusive ;
➡️ Renforcer l’autonomie stratégique d’une Europe ouverte au monde.
Ces priorités seront développées selon cinq lignes d’action. Afin de renforcer le modèle social européen, la présidence portugaise a annoncé qu’elle donnerait un nouvel élan au socle européen des droits sociaux, notamment via l’organisation du sommet social de Porto en mai.
L’adoption de la loi climatique européenne, la poursuite des négociations sur la réforme de la politique agricole commune, le nouveau pacte sur la migration et l’asile et les relations entre l’Union européenne et l’Afrique et l’Amérique latine feront également partie des priorités de la présidence portugaise.
Lisbonne tentera aussi de faire avancer l’accord commercial Union européenne-Mercosur, conclu en juin 2019 mais toujours en attente de ratification et ce malgré le vote du Parlement qui, le 7 octobre dernier, demandait qu’il ne soit pas ratifié en l’état.
Yannick Jadot est intervenu.
« M. le Premier ministre, puisque vous voulez la ratification de l’accord avec le Mercosur, comment vous justifierez auprès de vos compatriotes portugais les prochains feux de forêt issus du dérèglement climatique ? Réouvrez cet accord. »
Gwendoline Delbos-Corfield est également intervenue.
« Qu’allez-vous faire au sujet de la situation en Pologne ? Qu’allez-vous faire au sujet de la situation en Hongrie ? Qu’allez-vous faire au sujet de ces deux procédures de l’article 7 que le Conseil semble fuir ? Vous engagerez-vous fortement sur ce dossier ? »
Le Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) est un instrument de soutien aux organisations qui luttent contre les pires formes de pauvreté et de privation alimentaire, ainsi que contre le sans-abrisme et la privation matérielle des enfants.
Le FEAD finance :
➡️ l’aide alimentaire (soupe populaire, supermarchés sociaux, distribution de nourriture) ; ➡️ des mesures d’inclusion sociale.
Le budget du FEAD (distinct des fonds structurels) pour 2014-2020 était de 3,8 milliards.
Les écologistes ont toujours défendu son existence (maintes fois remise en cause) car c’est le seul instrument qui permet d’atteindre les plus démunis, avec un soutien très direct et il fait une réelle différence sur le terrain.
Suite au retard pris dans les négociations budgétaires et à cause des conséquences sociales de la pandémie, la Commission a proposé une mise à jour du FEAD. Ainsi, les États membres reçoivent des ressources supplémentaires pour 2020 et 2021, 2022 (via les recettes externes de l’instrument de relance) pour plusieurs fonds – dont le FEAD. Les États membres sont ensuite invités à flécher cet argent (volontairement) vers le FEAD. Le préfinancement a été augmenté jusqu’à 50% pour des ressources supplémentaires pour une mise en œuvre plus rapide.
L’accès à un logement abordable et de qualité est un droit fondamental, pas un luxe. Aujourd’hui, plus de 80 millions de personnes dans l’Union européenne ont des difficultés à supporter le coût du logement et, au cours de la dernière décennie, le nombre de sans-abris en Europe a augmenté de 70 %. Chaque nuit, 700 000 personnes dorment dans la rue en Europe.
La crise COVID rend encore plus urgente l’action de l’Union européenne et le lancement d’un cadre européen pour le logement afin de renforcer les efforts déployés par les États membres pour offrir à tous des logements inclusifs, économes en énergie et sains.
Le droit au logement doit passer avant les intérêts du marché et les personnes doivent être placées au centre de la stratégie en matière de logement afin de garantir une reprise socialement juste.
Nous devons tous, quels que soient nos revenus, notre sexe, notre âge ou notre nationalité, pouvoir bénéficier d’un logement sain.
Le rapport d’initiative de notre collègue néerlandaise des Verts/ALE Kim van Sparrentak accompagne notre campagne sociale sur le logement.
Ce rapport contient une forte dimension de genre. Les femmes sont particulièrement exposées à la crise du logement et plus touchées par la pauvreté. Le sans-abrisme des femmes est souvent moins visible et nécessite donc une attention particulière. Une approche de genre doit être intégrée aux stratégies nationales de lutte contre le sans-abrisme et les politiques de logement.
La crise du COVID-19 est particulièrement difficile pour les femmes et les enfants qui sont confrontés à la violence domestique et à la maltraitance des enfants. La Commission européenne et les États membres doivent apporter un soutien financier aux femmes victimes de violences fondées sur le genre qui souhaitent accéder à un logement indépendant, ainsi qu’un meilleur accès à l’information sur le financement de logements.
Ce rapport a été adopté. C’est un signal fort envoyé par le Parlement européen : il faut agir pour mettre fin à la crise du logement avec tous les moyens qui existent.
Le droit à la déconnexion renvoie au droit d’un travailleur ou d’une travailleuse de pouvoir se détacher de son travail et ne pas avoir de communications électroniques professionnelles, telles que des courriels ou d’autres messages, pendant des heures non travaillées.
Il n’existe actuellement aucun cadre juridique européen qui définisse et réglemente directement le droit à la déconnexion, même si la directive sur le temps de travail indique un certain nombre de droits en lien avec des questions similaires. De plus, le principe numéro 10 du socle européen des droits sociaux demande un environnement de travail sain, sûr et bien adapté et la protection des données, et le principe numéro 9 l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.
Dans la moitié des États membres, le droit à la déconnexion est déjà le sujet de débats politiques ou a déjà fait l’objet d’une réglementation. En outre, de nombreuses initiatives au niveau des entreprises ont pour but de réguler l’impact négatif des technologies de communication sur la vie des travailleurs et des travailleuses.
Le 1er décembre 2020, la commission de l’emploi et des affaires sociales (EMPL) a adopté un rapport invitant la Commission à faire une proposition législative de directive sur le droit à la déconnexion.
Ce rapport a été élaboré après une large consultation d’experts et de parties prenantes. Il vise à réaffirmer le droit à l’absence de sollicitation professionnelle en dehors du temps de travail, dans le plein respect de la législation sur le temps de travail et des dispositions en la matière dans les conventions collectives et les contrats. Il introduit des exigences minimales concernant l’utilisation d’outils numériques à des fins professionnelles en dehors du temps de travail, ce qui vise à créer, à terme, une culture qui évite les communications en dehors des heures de travail. Le rapport souligne le rôle important des partenaires sociaux dans la mise en œuvre du droit à la déconnexion et la nécessité de solutions adaptées pour répondre aux besoins et aux contraintes spécifiques des entreprises.
Le Parlement européen a souligné à plusieurs reprises la nécessité d’une révision de la procédure d’établissement de la liste de l’Union des pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales pour en améliorer la transparence, les critères utilisés et l’efficacité des mesures défensives associées.
Dans la même perspective, la Commission européenne a publié une communication relative à la bonne gouvernance fiscale dans l’Union européenne et au-delà, dans laquelle elle plaide pour une révision de cette liste. Dans cette communication, la Commission insiste sur la nécessité de mettre à jour les critères de bonne gouvernance fiscale pour refléter les évolutions les plus récentes sur le plan international dans la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales, notamment en ce qui concerne les bénéficiaires effectifs et l’imposition minimale effective, ainsi que sur l’importance de s’assurer que les critères révisés sont appliqués de manière suffisamment large pour appréhender tous les risques, tels que ceux posés par les exonérations de portée générale.
La Commission concède que l’approche coordonnée en matière de mesures défensives va dans la bonne direction, mais estime qu’elle manque d’ambition. La Commission pourra envisager l’opportunité de présenter une proposition législative pour des mesures défensives coordonnées.
La communication de la Commission a été publiée en juillet 2020, mais, presque six mois plus tard, aucune information n’est disponible quant à la manière dont ces recommandations ont été reçues par le Conseil.
Les écologistes soutiennent une révision de cette liste. Certes, elle s’est agrandie en février 2020, mais des paradis fiscaux notoires n’y figurent toujours pas et d’autres pays auraient dû y figurer mais y ont échappé pour des considérations politiques ou diplomatiques.
Par ailleurs, nous souhaitons la mise en place d’un processus plus indépendant et transparent, assorti de sanctions vraiment dissuasives. La liste noire doit être assez solide pour faire face au risque d’émergence de nouveaux paradis fiscaux.
C’est Claude Gruffat, membre de la sous-commission Affaires fiscales, est intervenu en séance.
« La liste représente péniblement 2% de l’évasion fiscale. Où sont les États de l’Union comme Malte, l’Irlande, les Pays-Bas, le Luxembourg qui n’ont rien à envier aux Caïmans ou à Panama ? Il est temps d’en finir avec l’hypocrisie et la complaisance envers les fraudeurs. »
Jeudi 21 Janvier 2021
Selon le commissaire à la Gestion des crises, Janez Lenarčič, la demande d’assistance introduite par la Croatie auprès du mécanisme de protection civile de l’Union européenne suite au séisme de magnitude 6,4 qui l’a frappée le 29 décembre 2020 a été satisfaite en quasi-totalité en 24h.
15 pays européens ont répondu rapidement pour l’aider. L’Autriche, l’Allemagne, la Bulgarie, la République tchèque, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Lituanie, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède et la Turquie ont immédiatement fourni des conteneurs de logement pour les familles aux maisons détruites, des tentes hivernales, des sacs de couchage, des lits et des chauffages électriques.
Le Centre de coordination de la réaction d’urgence de l’Union européenne (ERCC), qui fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, a coordonné l’assistance. Le programme européen Copernicus, quant à lui, a fourni des cartes satellitaires détaillées des dégâts. L’Union européenne a montré ainsi son rôle de solidarité, essentiel après ce séisme qui a fait sept morts et causé des dommages importants à de nombreuses habitations et infrastructures. C’était le 2ème séisme à frapper le pays en 2020, le précédent (de magnitude 5,3) avait frappé Zagreb.
Caroline Roose est intervenue pour nous.
« L’année 2020 a marqué profondément la Croatie. Nous demandons une reconstruction durable, résiliente et antisismique et que l’aide financière puisse être rapidement distribuée afin de permettre à la Croatie un rétablissement rapide. Nous avons aujourd’hui encore une nouvelle preuve importante de ce que signifie véritablement la solidarité de l’Union européenne, en tant que projet commun européen. »
Nous avons ensuite débattu de trois rapports en lien avec les droits des femmes et l’égalité femmes-hommes.
Le premier s’intéressait aux impacts de la crise de la COVID sur les femmes.
La crise de la COVID-19 aura des impacts importants et de long terme. Ces impacts sont encore plus importants sur les femmes et les filles et notamment celles qui subissent déjà des discriminations, notamment à cause de leur origine ethnique, de leur religion, de leur handicap, de leur âge, de leur orientation sexuelle, de leur classe sociale ou si elles sont migrantes.
Il est donc essentiel de le prendre en compte lors de l’élaboration et de la mise en œuvre des mesures prises pour la relance.
Le rapport que nous avons étudié contient des éléments importants pour les écologistes :
➡️ un pacte européen de soins (que nous demandions dans notre plan de transition) ;
➡️ un chapitre spécifique sur l’intersectionnalité qui s’intéresse aux discriminations multiples que subissent les femmes ;
➡️ des politiques sectorielles qui contiennent nos demandes principales concernant le travail, les politiques économiques, les violences faites aux femmes et les droits sexuels et reproductifs.
En mars 2020, la Commission a présenté sa stratégie européenne pour l’égalité des genres 2020-2025. Si c’est un pas en avant intéressant, malheureusement, cette stratégie reste très vague. Le rapport que nous avons étudié demande donc à la Commission d’établir une feuille de route concrète.
Il demande également au Conseil d’approuver la directive de lutte contre la discrimination (qu’il bloque depuis 2009) et de créer une formation spécifique du Conseil sur l’égalité des sexes réunissant les ministres et secrétaires d’État chargés de l’égalité des genres. Le Parlement avait déjà fait cette demande dans une résolution de décembre 2020.
Le rapport fait également des propositions pour éliminer la violence visant les femmes et la violence sexiste et pour améliorer la place des femmes dans l’économie. Il demande, notamment, à la Commission de développer davantage et d’améliorer la collecte de données, les statistiques, la recherche et l’analyse ventilées par sexe, notamment sur la participation des femmes au marché du travail, et en particulier dans l’économie numérique, et de proposer un « Pacte de soin pour l’Europe ». Le rapport souhaite que la dimension hommes-femmes soit intégrée dans tous les domaines d’action de l’Union. Il s’inquiète également des retours en arrière en matière d’égalité femmes-hommes.
Une étude récente, commandée par le département thématique des droits des citoyens et des affaires constitutionnelles du Parlement européen à la demande de la commission des droits des femmes et de l’égalité des genres (FEMM), a conclu que les préjugés et les inégalités perduraient dans les domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques ainsi que dans le secteur numérique.
Le rapport met en évidence deux raisons principales :
➡️ culturellement, les filles ont tendance à éviter ces domaines ;
➡️ celles qui s’y engagent ont tendance à abandonner (à cause de l’environnement de travail, peu de figures féminines, manque de reconnaissance…).
Le rapport fait des recommandations à la Commission, aux États membres et, plus largement, à la société. Il propose, notamment, d’encourager les femmes à postuler à des emplois techniques et de haut niveau, en les aidant à surmonter les obstacles à leur éducation puis les barrières professionnelles. Il examine l’importance de la collecte de données et de la poursuite de la recherche quant aux questions d’égalité entre les femmes et les hommes dans les technologies de l’information et de la communication. Il rappelle que l’élimination de l’écart entre les hommes et les femmes entraînera un gain de prospérité à tous les niveaux et garantira la justice sociale en renforçant l’égalité des sexes.
C’est Gwendoline Delbos-Corfield qui est intervenue pour nous.
« Les dispositifs de reconnaissance faciale sont conçus
à partir des données de visages d’hommes blancs. Ils confondent donc les visages de femmes. En ignorant ces biais, le monde numérique amplifiera les discriminations. Nous devons l’éviter. »
Lors du débat sur les affaires étrangères, nous avons parlé de la situation à Hong Kong.
C’est Yannick Jadot qui est intervenu.
« Jamais la dictature chinoise n’a été aussi brutale. On ne peut pas, d’un côté, dénoncer un régime politique et, de l’autre, faire des affaires avec. Le Parlement européen doit dénoncer l’accord d’investissements avec la Chine. »
François Alfonsi, quant à lui, est intervenu sur la situation en Turquie.
« Enlevons le PKK de la liste des organisations terroristes. On ne peut plus lui reprocher d’acte de cette nature depuis longtemps. Retirer cette couverture politique à la répression de M. Erdogan donnerait un signal positif à l’opposition démocratique turque. »
Voilà, c’est fini pour cette plénière de janvier. Prochaine session, le 8 février.
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